Les Chroniques de Valentin

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septembre 2002

La rentrée à bout de nerfs

Aujourd'hui c'est la rentrée. Valentin est venu au lycée. Il en avait peur. Peur de ces bâtiments sordides à l'odeur de prison. Peur de ces profs qui parlent mais qui n'écoutent pas. Peur de ces élèves qui écoutent mais ne parlent pas. Peur d'un monde dont il se sent étranger. Il est quatorze heures moins dix, Valentin arrive au lycée. Un petit lycée tranquille au milieu des vignes, loin de la pollution et du stress des rues de Epinal. Mais Valentin à un noeud dans l'estomac aujourd'hui. Il dit bonjour à Vinz son cousin et à Zip son meilleur ami. Il fait la bise à Stéph, à (...)

Et si le monde était autre?

Le 11 septembre. Aujourd'hui c'est le 11 septembre. Un an après le soi-disant attentat de New York. A la télé c'est 11 septembre. Dans les journaux c'est 11 septembre. Dans ce qu'on bouffe c'est 11 septembre. Dans ce qu'on vit c'est 11 septembre. Dans ce qu'on vomit c'est 11 septembre. Et pourtant Valentin n'en a rien à foutre du 11 septembre. Pour lui c'est vraiment un truc à la con. Juste un espèce de coup commercial destiné à faire vendre des tee-shirts et des drapeaux. Une bonne occasion pour les gouvernements démocratiques d'appliquer leur lois dictatoriales qu'ils couvaient (...)

Jour de chance ?

Hier, vendredi 13. Valentin ne croit pas aux superstitions, à toutes ces bêtises de gamin en mal de frayeurs. Que le vendredi 13 soit symbole de chance ou de malheur, Valentin s'en fout éperdument. Mais pourtant, ce matin du vendredi 13 septembre 2002, Valentin était différent. Non pas qu'il était malade, ou perdu dans ses réflexions, mais il était fatigué. Crevé. A un point qu'il n'aurait pu jamais imaginer. Ce jour-là il mit plus de trente minutes pour réussir à se lever et s'endormit sous la douche quelques minutes plus tard. Bref, la journée était mal partie, très mal (...)

Un matin, hier ou demain

Aujourd'hui Valentin s'est levé comme tous les autres jours, crevé et avec une envie irrésistible de dormir. Mais il a bien fallut qu'il se lève, alors il s'est levé et s'est dirigé vers la salle de bain. Il a pris comme à son habitude une douche très longue, jusqu'à ce que la peau de ses doigts devienne ridée comme les mains des bébés. Presque vingt minutes sous la douche, Valentin aime ça, ça le détend et le prépare au stress d'une nouvelle journée de cours. Il est ensuite sorti de la douche, s'est séché avec la serviette bleue azur qu'il aime tant regarder et s'est rasé. (...)

Rien à signaler

«Rien à signaler.» Aujourd'hui Valentin aimerait bien se dire ça mais il sait bien au fond de lui qu'il y a toujours quelque chose à signaler. Un sentiment, une parole, une attitude, un sourire, un clin d'oeil, n'importe quoi mais pas rien. Le néant n'existe pas. Alors aujourd'hui Valentin est allé en cours, comme tous les jours. Il y avait allemand en première heure, mais Valentin n'aime pas ça, en fait il n'aime pas la prof surtout. Et comme la nature écoute sûrement Valentin, le bus était en retard ce matin, pour laisser un peu de répis à Valentin. Mais il n'y échappa pas, (...)

Le sac jaune

Julie lui en avait parlé l'autre fois, de Léa. Valentin la connaissait déjà de vue, il l'avait vue au spectacle de théâtre du lycée, l'année dernière. Elle avait un jeu étrange, reclu, comme un enfant qui a peur des impulsions qu'il peut avoir, recroquevillé sur lui-même. Valentin avait tout de suite remarqué ce jeu bloqué, où l'énergie restait enfermée au fond de l'acteur. Ce type de jeu théâtral où l'acteur réfrène comme il peut son énergie, par peur de l'inconnu, de son inconnu. Mais peut-être aussi que Valentin se trompe... Enfin bref, il y a quelques jours Julie (...)

Ce si beau malheur

Valentin n'aime pas le bonheur. Il n'aime pas voir dans la rue un couple se tenant la main. Il n'aime pas voir au lycée deux personnes qui s'embrassent. Ces gens-là, qui montrent ouvertement leur bonheur, devrait être enfermés, internés. Valentin ne les aime pas, il n'aime pas que les autres lui crache à la gueule leur bonheur. Leur saleté de bonheur, tout beau, éternel et spontané. Un bonheur sans fin, mais qui finira demain. Valentin a l'impression que tous les autres font exprès de lui montrer leur bonheur pour qu'il comprenne mieux son malheur. Son malheur si beau, si chétif, (...)

Le message

Léa... Valentin est mitigé, partagé. D'un côté il y a toujours cette attirance, ce désir, ce besoin d'amour. Mais d'un autre côté il y a aussi l'assurance que toute histoire d'amour finit bien un jour et que la plupart du temps elle termine mal. Valentin est à la fois attiré par l'envie d'aimer et repoussé par le risque d'avoir une nouvelle fois le coeur brisé. Hier, Valentin a mangé avec Léa et Julie. Léa est jolie, sympa, attirante... Non, Valentin ne veut pas. Il ne veut pas être entraîné dans une nouvelle histoire, de nouveaux sentiments, une nouvelle blessure... Mais (...)

Joyeux anniversaire

Aujourd'hui Valentin à 17 ans. Il n'a rien prévu pour son anniversaire, pas de fête avec ses amis, pas de gâteau avec des bougies à souffler. Tout ça, toutes ces coutumes, ces habitudes, Valentin s'en moque plus que tout autre chose. Il n'a pas besoin de ça, de tout ces artifices, pour être heureux. Parce que le bonheur c'est quelque chose de brute, sans fioritures. Mais le bonheur c'est aussi un petit geste insignifiant qui fait plaisir. Aujourd'hui ce petit geste a pris la forme de Julie. Valentin ne s'y attendait pas du tout. Elle a débarqué chez lui en coup de vent, lui a offert (...)

Seize heures et une minute...

Il est seize heures et une minute. Valentin et Léa s'embrassent. Pas un bisou sur la joue comme ce matin, mais un vrai baiser d'amour, celui que les anglais appellent le «French Kiss». Valentin ne pense à rien. Valentin à la tête vide. Il ressent quelque chose d'étrange qu'il n'avait jamais connu jusque là. Avant quand il embrassait une autre fille il trouvait ça plutôt baveux et dégoutant, mais là il se sent emporté autre part, dans un autre monde, comme si le monde extérieur s'arrêtait d'exister pendant les quelques minutes que durent ce baiser. Plus tard Valentin se dira (...)