Les Chroniques de Valentin

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octobre 2004

Mot.

Passer la journée en cours. Se faire chier comme un rat mort. Devenir un rat mort. Réviser au dernier moment. Se prendre des mauvaises notes. Pleurer. S'engueuler avec ses camarades de classe. Passer trois quart d'heure dans la rue avec deux amies à rigoler. Raccompagner une amie chez elle à l'autre bout de la ville. Rentrer à pieds. Et retrouver ce mot griffonné dans sa poche: "Gros bisous partout!!! Laetitia. Pour la vie...". La vie fut finalement trop courte aux yeux de Laetitia. (...)

Anna

Anna dégagait une désagréable impression de savoir universel et omniscient. Une sorte de prétention hautaine qui ressortait de son visage à tout savoir et à vouloir le montrer à tout le monde. Horrible sentiment que Dieu soit descendu de son nuage pour montrer qu'il sait stout, qu'il est le meilleur. Évidemment Anna n'avais pas grand chose à voir avec Dieu, elle en avait juste la prétention. C'était une prétention d'attitude, de montrer aux autres qu'elle est parfaite afin de mieux leur briser le moral, pour mieux leur montrer qu'elles sont des sous-merdes, des échecs ambulants, (...)

Sensation

La tête qui tourne. Sentir le monde environnant graviter autour de soi, avoir le sentiment qu'on s'enfonce dans une espèce de mélasse formée par les murs de la pièce. Avoir le cerveau se promenant librement à l'intérieur du crâne, décrivant des cercles comme s'il faisait le tour du propriétaire. Voir le monde s'éloigner, le plafond reculer, les murs disparaître... Et une main nous rattraper au vol avant de sombrer. (...)

I'm in love with you (3)

Aux premières lueurs du jour qui pointaient à travers le volet, Léa m'embrassa sur le front et sortis de la chambre pour rejoindre la sienne. Il restait encore deux heures avant qu'on ne doive se lever. Deux heures pour dormir. Pourtant je n'y arrivais pas. J'étais coincé entre la vision de Léa, agréable impression de bien-être et de douceur, et celle de mon organe assassin, affolante, me faisant trembler à chaque fois que j'y pensais, c'est à dire presque continuellement. Je passais ces deux heures à me tourner et retourner dans mon lit, transpirant comme si à l'intérieur de moi (...)

Ne pas savoir

Je ne sais plus quoi dire tellement j'ai de choses à raconter, tellement il se passe de choses. C'est le début de quelque chose de nouveau, ou plutôt un renouveau, ou plutôt la suite logique d'un immense effort entrepris pour se sortir du trou et tomber par hasard sur le chemin de la sortie sur une nouvelle vie. Processus en cours... Je sens que les choses changent, que je change, à l'intérieur. Impalpable impression qu'un haricot magique grandit en soi-même. Soulagement de découvrir, que oui, c'est possible, que mes rêves sont réalisables et réalisés par d'autres et qu'il est (...)

I'm in love with you (4)

Nous parlions en tournant autour de la statue de Kelvin, le fondateur de l'université de Glasgow si j'ai bien suivi, et de temps à autres nous laissions quelques instants de silence, juste suffisants pour apprécier le bruit de nos pas sur les graviers. J'écoutais Valentin exposer ses idées et principes avec attention, à la fois passionné et bouleversé par ce qu'il disait. Sa vision personnelle des relations amoureuses détruisait tout ce qui était communément admis et toutes conceptions amoureuses que j'avais adoptées, sans vraiment réfléchir à l'éventualité de pouvoir (...)

La fille au pull vert

J'étais dans le bus, comme plusieurs fois par jour, quand mon regard a croisé celui de la fille au pull-over vert et au sac à main rouge. Elle était plutôt petite, les cheveux châtain foncé, et un visage assez dur et froid. Mais j'ai croisé son regard. Le genre de regard dans lequel tu te noie. Je suis descendu du bus, elle est descendue derrière moi, elle m'as dépassé, a pris la rue à gauche derrière la place avec la statue et a tourné dans la direction de la papeterie. C'est là que j'allais, à la papeterie. Je me suis dit à l'intérieur de moi "Non elle ne va pas à la (...)

Julia et moi

Julia était brune, plutôt petite, avec un visage toujours souriant, même quand elle était triste. Comme si elle avait un sourire vissé sur le visage. Elle avait toujours des petits gestes mignons. Ses mains étaient sans cesse en train de faire des petits mouvements méticuleux et maniaques. J'adorais ses mains douces se promenant sur ma peau. A certains moments, quand nous étions tous les deux étendus nus sur le lit de cette petite chambre, nous nous prenions à rêver que nous étions dans 1984 d'Orwell. Julia et Winston Smith, rebelles du Parti. Nous étions Julia et Winston et nous (...)

I'm in love with you (5)

Dans le bus qui devait nous emmener visiter un château bord du Loch Ness, Léa, Lucie, Valentin et Aurélien dormaient. J'étais à côté de Maud qui commençait à pencher vers le sommeil, j'avais mon baladeur MP3 sur les oreilles, écoutant une compilation de musiques téléchargées sur eMule avant de partir. Là c'était Luke. Le morceau s'appelait Je n'éclaire que moi et les paroles disaient à peu près: Tu sais les hommes ont leurs tempêtes Des tempêtes sans fenêtres Qu'ils ouvrent comme des vannes Comme ça les soirs de fête En entendant ça, ça m'as rappelé certaines (...)

Non

Non! Ne me l'impose pas. Je ne veux plus. Croiser ton regard m'est insupportable. Quand je pense à toi je tremble. Quand je pense à ça je pleure. J'ai peur. Non. Je ne veux pas. Je ne veux plus. Laisse-moi maintenant. Pars. Tu n'est plus le même. Tu n'est plus la même. Pars. Je veux oublier. Non. Oublier. Oui. Oublier. Te laisser t'enfuir comme un voleur de pommes et ne plus entendre parler de toi. Tu dois disparaître. Disparais! Non! Tu n'as pas conscience de ce que tu m'as fait. Ne dis pas que... Non! Ce n'est pas vrai! Tu ne peux pas dire ça! Tu sais très bien comme ça c'est (...)

I'm in love with you (6)

Maud me demanda pourquoi j'avais peur de mon sexe comme ça, et pourquoi je le considérais comme une arme. C'est là que je m'aperçut que je ne savais pas vraiment pourquoi j'avais peur. La seule chose probable qui me passa par la tête fut ce que j'avais vu, lu et entendu sur les viols. En fait c'était la position dominante du pénis qui me gênait. C'était tel un dard, un instrument de domination sur les femmes. Nous avons discuté pendant plus d'une demi heure sur l'influence de l'image médiatique et de la société sur les filles et garçons et sur l'image surtout du pénis qui (...)

Question

- Et toi, tu veux faire quoi après le lycée? Quand t'aura ton Bac? - Vivre. (...)

Roule

Il ne faut jamais traîner Les voitures sont faites pour rouler, pas pour s'arrêter Il ne faut jamais freiner Il ne faut jamais freiner Il ne faut jamais freiner Il ne faut jamais freiner... (Blankass) (...)

I'm in love with you (7)

(Extrait du journal intime de Léa) Je suis un peu perdue. Quentin est étrange en ce moment. Il ne va pas bien. Je le sens. Je le sais. Il ne veut pas trop m'en parler mais ça se voit. Sa réaction de l'autre nuit était assez étrange. Ça m'as vraiment fait quelque chose, une sorte de choc. Il avait peur de lui-même. Je me demande d'où peut bien venir cette peur. C'est assez effrayant, je le sens vacillant, perdu. Et je ne pense pas que les discussions qu'il a eu avec Valentin aient pu l'aider en quoi que ce soit. Je ne connaît que trop bien Valentin pour savoir que ce qu'il dit (...)

Je disparais

Je me perds derrière la buée Je me perds dans la tempête Je sillone les routes sans vraiment savoir où je vais Je suis dissous dans l'horizon Je suis dissous dans ma raison Mes silhouettes défilent à travers les fenêtres Je ne touche plus terre La nuit m'invite à la déraison J'enfonce la tête Je me dissous dans l'horizon Je n'ai plus de raison Je disparais derrière les maisons Je disparais dans ma déraison (D'après les Hurleurs, derrière la buée) (...)

Dédicace

Ce disque est spécialement dédicacé aux peuples en lutte, aux peuples insoumis à un destin qu'on leur fabrique; au peuple solidaire, celui qui construit son histoire, la subit et la transforme. A l'individu qui tend la main, celui qui lève le poing, celui qui ne renonce jamais, celui qui prends des chemins différents sans jamais oublier ses frères. A la flamme d'espoir qui vacille en chacun de nous. (Dupain, Camina) (...)

Rapport

(Ecrit le 22 et 28 octobre 2004) La vie est vide aujourd'hui... La vie est tellement vide certains jours... Vide de sens. Dénuée d'intérêt. Seul. Life is so empty today... Life is so empty some days... Lyu. J'ai un peu été laissé en plan là ce soir. Seul. Avec mes pleurs. Mes regrets. Ma colère contre moi-même. Seul. Tu m'as laissé seul. Je peux comprendre et accepter. Mais ça blesse. Ca fait mal. Trop mal. Je croyais avoir assez souffert. Mais non. Comment vivre après ça? Lyu! Pourquoi tu m'as laissé seul? Je ne voulais pas forcément parler. Juste sentir ta présence. Ne (...)

Rapport (2)

Tu est partie. Lyu. Je t'ai regardé t'éloigner. Partir. Tu m'as encore laissé seul. Lyu. Suis-je amoureuse de toi? Lyu... C'est étrange. Je ne te connaît presque pas et pourtant... Romantisme à la con. J'en ai marre. Je tombe tout le temps amoureuse de tout le monde. Non, pas toi, je ne veux pas. Et su je ne tombais pas amoureuse de toi mais d'une autre? Que je ne connaît pas? Pas encore? Que je tombais amoureuse de toutes les autres? Toutes les autres... On m'as toujours dit que l'amour c'était compliqué. Mais pour moi il l'est particulièrement. Je tombe toujours amoureuse de (...)

I'm in love with you (8)

J'avance dans le couloir à la moquette blanche, et arrivé devant la porte bleue de la chambre qu'occupait Léa, je frappe. - Knock. knock. It's time to eat some horrible english food. - Quentin je t'ai reconnu, ton accent anglais est plus proche du bruit de mastication que de la voix de Brad Pitt! - Hey I'm Brad Pitt and I love you but you're just bad with me, so I go downstairs to eat horrible english food! Rires derrière la porte. Je reste un moment à les écouter. Léa est visiblement touchée par mon humour bas de gamme. Je commence à m'éloigner quand j'entends le bruit de la (...)

Bouleversée.

Je suis bouleversée. Lyu est apparue dans ma vie comme une bombe. Boum! Elle a tout remué à l'intérieur de moi. Je n'ai même plus de mot pour décrire ce que je ressent. C'est terriblement fort. Et incompréhensible. Je suis dépassée par mes propres sentiments. Je n'ai pas le mode d'emploi. Je suis perdue. Je ne sais pas comment décrire tout ça. C'est comme s'il y avait tellement de mots à sortir en même temps qu'ils arrivaient tous au même moment dans ma bouche et qu'ils étaient bloqués tellement ils sont nombreux. Je suis muette. Je... Ne sais plus quoi dire. Je suis (...)