Liou, la mandragore, était une plante sensible. Par nature, elle était sexuelle, surtout lorsque la météo s'y prêtait. Dès le printemps, elle tombait amoureuse et mettait tout le reste de l'année à s'en remettre. C'était une sentimentale plein de contradictions.
Quand un garçon lui plaisait, elle couchait avec lui et lui disait très vite des « mon amour ». Elle considérait que c'était un amour de plus dans sa constellation secrète, comme si ça la fortifiait. Comme si cette armée d'hommes qui l'avaient croisée devaient rester pour toujours ses protecteurs.
(...)
Il est cinq heures du matin
Je ne sais plus trop où j'en suis
Si c'est à cause du vent ou du vin
Ou de ce que tu me dis
Mais je ne comprends plus vraiment
Que tu me pardonnes si je te mens
Mais le peuplier derrière toi a peur
Du lierre qui te lie s'échappent des pleurs
Je ne suis pas fragile
Mais tes mots en moi ce soir
Se rendent indélébiles
Et je m'enroule comme un loir
Je ne suis pas fragile
Mais dans une heure à peine
Je fuirais loin en exil
Loin de toi et du lichen
Il est cinq heures du matin
Non je ne suis pas fragile
Mais si tu pouvais
Sur mon épaule poser ta main
Mes (...)
Mais ce soir-là dans tes cheveux
Le vent lui m'avait mis en tête
Que nous serions heureux
Comme avant
Quand tu me serrais fort
Comme avant
Quand tu me disais encore
Comme avant
Les lueurs du soir ne bougent
Comme avant
Que ces mots ne tombent de ma bouche
(...)
Comme avant
Que ton sourire ne me touche
Comme avant
Quand on s'embrassait sur la bouche
(Guillaume Cantillon, Comme avant, Des ballons rouges, 2008) (...)