I'm in love with you (3)
Aux premières lueurs du jour qui pointaient à travers le volet, Léa m’embrassa sur le front et sortis de la chambre pour rejoindre la sienne. Il restait encore deux heures avant qu’on ne doive se lever. Deux heures pour dormir. Pourtant je n’y arrivais pas. J'étais coincé entre la vision de Léa, agréable impression de bien-être et de douceur, et celle de mon organe assassin, affolante, me faisant trembler à chaque fois que j’y pensais, c’est à dire presque continuellement. Je passais ces deux heures à me tourner et retourner dans mon lit, transpirant comme si à l’intérieur de moi j'étais une fournaise incandescente. Enfin, on vint frapper à ma porte. La poignée tourna lentement alors que j’entendais une voix dire de manière très douce "Wake up, it’s time..." C'était Lucie. Elle entra dans la chambre. Elle portait une chemise de nuit blanche lui arrivant jusqu’au genoux. En l’absence de mouvement de ma part, elle s’approcha et s’agenouilla à côté du lit. Elle murmura encore "Wake up..." puis plus près de mon oreille. Enfin, elle déposa un baiser sur mon oreille en même temps qu’elle chuchota en son creux "It’s time to wake up". Voyant que j’ouvrais les yeux, elle se releva et commença à s'éloigner en disant "You have to wake up now, your friends are downstairs, you’ve got just two minutes to take a shower", puis elle disparu derrière la porte. Étrange réveil-matin…
Après le petit déjeuner rapide mais néanmoins consistant, surtout avec les oeufs au bacon, Lucie nous annonça que nous allions passer la matinée à Glasgow, au centre-ville, pour faire du shopping, puis l’après-midi nous irions au cinéma et finir la journée dans un pub. L'évocation du terme de pub me fit sourire et entrevoir une lueur d’espoir dans cette journée. Le shopping n'étant pas vraiment ma tasse de thé et les films en version originale encore moins, surtout ceux non sous-titrés. Heureusement, j’allais pouvoir profiter de Léa toute la journée.
Nous avons pris un petit train de banlieue crasseux, relativement lent, et trente minutes plus tard nous sommes arrivés à la gare centrale de Glasgow. La Central Station avait un plafond relativement haut composé d’une verrière laissant apprécier le bleu grisâtre du ciel, elle me faisait penser à la gare dans Harry Potter. Débarquant dans la foule agitée qui se mouvait agilement de quai en quai et de train en train, suivre Lucie devint rapidement très difficile. Après que Valentin et moi nous soyons perdus pendant plus de dix minutes au milieu de la foule, nous avons réussi à retrouver Lucie et Léa. Nous avons pris un bus dans Argyle Street, un bus open top, les grands bus rouges avec des places sur le toit. Évidemment nous nous sommes tous mis sur le toit afin d’apprécier le paysage urbain de Glasgow. L’aspect de la ville me faisait penser aux films sur Jack l'éventreur, particulièrement From Hell avec Johnny Depp. Le bus est passé sous la gare, c'était relativement impressionnant de voir la route s’engouffrer sous ce bâtiment.
Après avoir fait quelques magasins de vêtements et de babioles sous la pression usante de l’extase de Léa devant toutes ces beautés matérielles, nous sommes allés à Kelvingrove Park, en passant sur un pont qui enjambait la rivière. Nous nous sommes assis sur un banc au milieu de la pelouse. A ma gauche Valentin et Lucie discutaient plus ou moins aisément dans un anglais hésitant ou un français difficilement compréhensible pendant que Léa et moi admirions le paysage autour de nous. Les arbres étaient très beaux, et leur couleur invraisemblablement verte me donnaient une impression d'être au Canada, même si je n’y ai jamais été. Peut-être que cette impression était due à la cascade. Mais l’architecture de la tour de l’Université qui dépassait de derrière les arbres rappelait inévitablement que nous étions à Glasgow, en Écosse.
A un moment un mouvement de Valentin et Lucie me fit retourner la tête dans leur direction. Ils s’embrassaient. Surpris, d’un air médusé et de d’incompréhension je tentais de croiser le regard de Léa, mais elle regardait indifféremment le paysage, comme si c'était tout à fait normal que Valentin embrasse Lucie alors qu’il était avec Maud. Je ne sais pas si c'était la facilité de Valentin à séduire les jeunes femmes qui m’a énervé sur le coup ou alors la trahison qu’il créa à cet instant vis à vis de Maud. Ne pouvant contrôler ce sentiment confus d'être témoin de quelque chose qui allait faire souffrir quelqu’un que je connaissait, je saisis Valentin par l'épaule et lui dis qu’il fallait que nous parlions. D’abord étonné, il mit quelques instants à réagir. Il embrassa Lucie, se leva et me suivit. après avoir fait quelques pas dans les allées du parc, j’entamai la conversation en lui demandant ce qu’il faisait. Il me répondit dans un sourire discret qu’il embrassait Lucie. "Mais… Et Maud?" lui demandais-je. Alors il commença à m’expliquer la relation qu’il avait avec Maud et comment lui et elle voyaient les relations amoureuses. Sur le moment j’ai cru qu’il plaisantait mais non il était tout à fait sérieux et parlait très calmement, en donnant l’impression réelle que sa pensée était structurée et que les mots qu’il prononçait étaient bien ceux auxquels il croyait.
(à suivre...)