Les Chroniques de Valentin

I'm in love with you (6)

Maud me demanda pourquoi j’avais peur de mon sexe comme ça, et pourquoi je le considérais comme une arme. C’est là que je m’aperçut que je ne savais pas vraiment pourquoi j’avais peur. La seule chose probable qui me passa par la tête fut ce que j’avais vu, lu et entendu sur les viols. En fait c'était la position dominante du pénis qui me gênait. C'était tel un dard, un instrument de domination sur les femmes. Nous avons discuté pendant plus d’une demi heure sur l’influence de l’image médiatique et de la société sur les filles et garçons et sur l’image surtout du pénis qui était renvoyée. Il était très peu montré, voir pas du tout, mais on en parlais très souvent. Il était l’instrument de reproduction et de domination de l’homme sur la femme. Si puissant et fragile à la fois… J'étais apeuré par le double-sens et le pouvoir de cet organe. Avoir un couteau entre les mains et ne pas savoir s’en servir…

Nous discutions depuis une dizaine de minutes quand le bus s’arrêta. Nous étions arrivés. Maud me pris dans ses bras, approcha ses lèvres de mon oreille et dit doucement "N’aie pas peur. Tu peux te contrôler. Ne t’inquiète pas. Ce n’est pas parce que tu as un couteau dans les mains que tu es un meurtrier. Aie confiance." Elle m’embrassa sur la joue, tout contre mon oreille et se leva. Alors que nous sortions du bus elle me dit "On en reparle plus tard si tu veux ? Ce n’est peut-être pas l’endroit ni le moment le plus approprié pour avoir une discussion." J’acquiesçais d’un signe de la tête. En entrant dans le château, Valentin vis mes yeux rougis par les larmes et me demanda ce qui se passait. Je lui répondit que je n’avais pas envie d’en parler, pas à lui, pas ici, pas maintenant. "D’accord. Si tu veux parler, n’hésite pas. Je suis là."

Valentin était le genre de personnage qui ne laisse pas indifférent. Tout le monde avait un avis sur lui sans même le connaître. Arrogant, prétentieux, égocentrique, hypocrite, étrange, androgyne, homosexuel, provocant… Ou encore beau garçon, mignon, intelligent, intéressant, mystérieux, borné, drôle… Chacun pouvait se vanter de pouvoir le décrire en un mot, mais sans le connaître. Il était assez mince, de taille moyenne, très peu musclé, aux cheveux châtains et aux yeux gris-vert, d’allure vétuste, et pourtant dégageait une impression d'être très sûr de lui, de savoir ce qu’il faisait, d’une assurance en lui-même déconcertante et d’une attitude provocante face à la norme habituellement définie par la société. Valentin soignait beaucoup son physique, enfin c’est ce qui se dégageait de lui. Il montrait une part de féminité assumée. Il portait souvent des vêtements moulants malgré que son physique ne soit pas vraiment celui qui est défini comme "beau". Il était ce genre de personnes étrange qu’on croise et qui retiennent notre attention et nous questionnent. Pourquoi cet homme au physique ingrat s’habille-t-il comme s’il se prenait pour un mannequin ? Valentin est provocant, il est attirant, il est ce questionnement auquel je ne puis répondre pour l’instant. Ce qui me perturbe chez lui c’est sa recherche à être toujours plus différent et à le montrer, à l’affirmer. Il est différent et troublant.

(à suivre...)