La rentrée à bout de nerfs
Aujourd’hui c’est la rentrée. Valentin est venu au lycée. Il en avait peur. Peur de ces bâtiments sordides à l’odeur de prison. Peur de ces profs qui parlent mais qui n'écoutent pas. Peur de ces élèves qui écoutent mais ne parlent pas. Peur d’un monde dont il se sent étranger.
Il est quatorze heures moins dix, Valentin arrive au lycée. Un petit lycée tranquille au milieu des vignes, loin de la pollution et du stress des rues de Epinal. Mais Valentin à un noeud dans l’estomac aujourd’hui. Il dit bonjour à Vinz son cousin et à Zip son meilleur ami. Il fait la bise à Stéph, à truc, à machin. (...) Valentin déteste faire du mal aux gens. C’est sa faiblesse il le sait.
Aujourd’hui il rentre en classe de Première Littéraire, comme prévu (...). Encore trois heures devant lui, la prof principale parle et parle encore. Il a envie de sortir. Tout de suite. Il est quinze heures trente. Il veut sortir de cette salle de classe. Quitter ce monde d’abrutis. Sauter par la fenêtre et décrocher les nuages. Noyer cette réalité pourrie sous un océan de beauté. Vivre heureux.
Mais il reste là. Il écoute la prof. Elle parle d’examens, de travail. Tout ça est loin pour Valentin. Il s’en fout. Il voudrais être libre. Il s’en fout des études. Il continue pour faire plaisir à ses parents mais il s’en fout. Si ça ne tenait qu'à lui, il aurait arrêté avant le lycée et se serait lancé dans l’informatique. Et tant pis s’il ne réussissait pas, s’il était ruiné rapidement. Mieux vaux tenter de réaliser ses rêves que de se résigner à vivre ses cauchemars.
Demain, Valentin essaiera (...). Il essaiera. Mais demain c’est loin. C’est proche. Il ne sait plus. Il ne veut plus revoir ces murs tristes, ces fenêtres sales, ces élèves au regard vide, ces profs sourds. Il ne veux plus revoir ce lycée, ce système scolaire pourri où on s'élimine les uns les autres comme dans une mauvaise parodie d’un Loft Story gouvernemental. Mais il y retournera. Il se sent obligé. Il y retournera. Oui.