Les Chroniques de Valentin

Une lettre.

J’ai bien reçu ta lettre. Écrite à l’encre bleue. Sur papier recyclé, légèrement brun. Celle ou tu dis que tu ne sais pas qui je suis. Que tu ne sais pas si je suis grand ou petit. Mince ou gros. Blond ou brun. Que le temps a passé. Suffisamment pour que tu oublies tout ca. Suffisamment pour que tu m’oublies, moi. Qu’après les semaines, ce sont les mois et enfin les années qui nous ont séparés. Aussi sûrement qu’un juge aurait séparé notre mariage d’une ordonnance de divorce. Tu me demande si nous sommes mariés. La réponse est non. Je ne le souhaite pas. Pas plus que toi je crois.

Tu m’expliques que mon prénom t’es étranger tout autant que mon pays, ma langue ou mes idées. Que tu ne peux plus te souvenir des courbes de mon corps. Je t’ai peut-être offert un orgasme, dix, cent, mille ou même aucun, cela ne t’évoque rien. Tu ne crois pas avoir jamais partagé avec moi cette nuit ou nous étions allongés nus dans l’herbe à transpirer sous les étoiles. Tu écris que nous sommes des inconnus qui n’avons rien en commun.

C’est possible.

Mais moi je me souviens. De toi. De tes courbes. Des pleins et déliés qui forment ton corps aussi bien que ton écriture. De tes baisers l’été sur ma bouche. De ces nuits a transpirer. De ces quais de gare à t’attendre. De ces avions que nous avons pris. De ces bateaux qui nous ont fait chavirer des mois entiers. Des jours passés à tes cotes. De ceux loin de toi. De ces années ou l’on se voyait peu. Mais intensément. Des moments passés dans les bras des autres à penser à toi, coupable.

Je me souviens de tout. Malgré le temps qui passe. Malgré les jours qui s’étalent a des milliers de kilomètres de tes hanches.

Mais je ne t’en voudrais pas si tu m’oublies. Tant que tu me laisse t’aimer dans mes souvenirs.

Je ne t’écrirai plus de lettres. Mais j’attends la tienne avec impatience.