Les Chroniques de Valentin

Les larmes des villes

J’ai pensé que. Mais je n’avais pas prévu que.

Les murs des villes. M’enfermeraient. Plus que je ne saurais les briser.

Je croyais que. Alors qu’en fait simplement.

Les larmes des rues. Ruisselaient. Le long des trottoirs.

La nuit quand je marche. La ville m’apparaît telle qu’elle est. Sombre. Sale. Pleine d’ivrognes. De vomis. De misère. De larmes.

Une promenade dans une décharge à ciel ouvert.

Le soir, à la gare, je fixe le béton. Gris. Je ne peux détacher mon regard des structures de métal. Rouillées. Brunes. Horribles.

Il ne suffit que de quelques secondes. D’avoir l’esprit un peu plus éveillé. Pour que la laideur urbaine nous saute aux yeux. Pourtant elle était là. Depuis des années. Qu’on n’a pas vu passer. Elles ont défilé comme les train. Comme les accidents de personnes se sont succédés. Dans l’indifférence.

Pourtant tous les jours on y vit, on y aime, on y sourit. Malgré tout ça. Malgré la laideur irrépressible. Malgré la dépression immédiate à sa vue.

Je m’en étonne tous les jours.

Sans comprendre que c’est une dépendance.

Comme les rivières polluées rendent dépendants des pesticides. Les larmes des villes nous noient et nous maintiennent en vie. Nous maintiennent accrocs à la laideur.

On se fait des shoot de rouille. Et on attends le jour qui vient.

Qui ne vient pas. Parce que.

La ville est une nuit sans fin. Qui coule. Épaisse comme du vieux mazout.

Une marée noire permanente. Mais sans la plage.