Les Chroniques de Valentin

It's not your birthday / It's your funeral

Si tu crois que je suis venu pour te voir tu te trompes. Lourdement. Je suis venu pour t’ignorer. Pour renier ton existence même. Comme si tu n’étais jamais né.

Je suis venu ne pas t’entendre te supplier que je t’écoutes. Je ne verrais pas tes gesticulations désespérées. Je ne réagirais à aucun de tes coups de poing. Je saignerais comme une statue de la vierge dans une église brésilienne : sans savoir comment ni pourquoi.

Tu pourrais monter aux murs, me révéler que tu as tué notre enfant dans un coup de folie, que la politique te fatigues, que tu ne m’aimes plus, ou pire, que tu es en réalité homosexuel. Rien ne saurait me faire réagir à tes lamentations de bête décharnée, languissante, agonisante.

Je te ferais comprendre méticuleusement que tu n’existes pas. Que tu ne vaux pas un souffle, un courant d’air, un brin d’herbe. Que tu es misérable et ridicule comme ceux qui ne savent même pas qu’il est obscène d’être pauvre.

Quand tu aura enfin disparu, que je serais débarrassé de toi pour de bon, je repartirais. Je ne prierais même pas pour le salut de ton âme. Je ne crois pas que tu puisse en avoir été doté un jour.

Je serais heureux de constater qu’il n’existe aucun enterrement, aucune cérémonie, aucune crémation pour ceux qui comme toi ne se sont jamais montrés dignes d’exister.

Et je rentrerais chez moi, pour constater avec exaltation que la solitude, seule, restera ma compagne.