Rigolons avec le dictionnaire
On en revient toujours à la religion avec cet article de dictionnaire sur l’onanisme (en un mot simple et compréhensible pour nos ami-e-s les jeunes : la masturbation), dans le Dictionnaire encyclopédique Quillet, daté de 1939 (page 3276 pour les sceptiques qui voudraient vérifier). La page de garde de ce dictionnaire nous apprends qu’il a été "publié sous la direction de Raoul MORTIER avec la collaboration et le concours de professeurs, d’instituteurs, de techniciens et des personnalités les plus éminentes du monde entier." Puisqu’on a les plus éminents experts du monde alors, c’est super, on va tout savoir ! Je vais donc vous citer texto ce que cette belle page 3276 nous raconte sur cette pratique ô combien plaisante.
onanisme, n. m. (de Onan, nom d’un fils de Juda à qui la Bible attribue cette pratique). Acte contre nature, fait pour provoquer le spasme vénérien, que cet acte soit solitaire ou exécuté en commun. On emploie comme synonymes masturbation, manustupration, manoeuvre solitaire, crime d’Onan.
Méd. -- Le mot onanisme désigne une des pratiques les plus pernicieuses et les plus répandues dans les deux sexes, pour se procurer les jouissances de l’amour, en dehors des moyens naturels. L’onanisme peut se pratiquer entre individus de sexe différent ou de même sexe. Entre femmes, il a souvent été fort en vogue; chez les Grecs Sapho fit école.
Il faut reconnaître le rôle de causes occasionnelles à certaines irritations de la peau et de la muqueuse des organes génitaux (herpès, érythème, intertrigo...), qui déterminent un onanisme inconscient particulièrement chez les enfants. Certains états constitutionnels passent pour engendrer l’excitation sexuelle : tels l’herpétisme, la goutte, la phtisie...; de même, certains vices d’hygiène, la promiscuité des sexes, les excès alimentaires, la danse, l’équitation, etc., mais il ne faut pas oublier, au milieu de ces influences secondaires, l’importance primordiale des phénomènes imaginatifs très suggestifs chez les dégénérés.
Si l’onanisme est souvent l’effet de tares de dégénérescence, il n’en est pas moins vrai qu’à son tour il peut, en s’exagérant, en devenir cause et cause essentielle. Les premiers symptômes de la masturbation portent les signes ordinaires de la consomption, plus ou moins marqués suivant que l’habitude est plus ou moins invétérée : pâleur terreuse, yeux languissants, cernés, déviation en haut et en dehors des globes oculaires, vertiges, troubles de la vue, insomnies, anémie… Sans parler des accidents traumatiques des organes génitaux fréquents chez les imprudents très excités, il convient de signaler des troubles du fonctionnement sexuel qui apparaissent peur à peu. Enfin, comme résultats ultimes, il faut mettre en évidence l’infirmité organique générale qui prédispose les individus, atteints de ce vice, à toutes les affections susceptibles de se développer chez les affaiblis.
Le traitement se réduit à empêcher les individus à contracter la funeste habitude, à la leur faire perdre lorsqu’elle est établie, enfin à réparer les désordres dont elle est la cause directe ou indirecte. Quatre ordres de moyens peuvent être utilisés : la persuasion, l’hygiène et certaines médications, les moyens coercitifs ou mécaniques, enfin les moyens chirurgicaux. La persuasion est le moyen le plus simple : l’éducation, la surveillance des enfants prédisposés, ont une influence souvent heureuse. L’hygiène ne doit jamais être négligée : alimentation bien ordonnée, hydrothérapie, exercices physiques, lit dur. Les agents thérapeutiques anaphrodisiaques peuvent être essayés, mais leur action est douteuse. Quant aux moyens chirurgicaux, ils sont fort restreints et même tombés en désuétude; tels l’infibulation et la clitoridectomie, que nous ne rappelons ici que pour mémoire.