Les Chroniques de Valentin

Ca va nous arriver (intro)

Simon se leva ce matin, comme tous les autres matins. Réveil pourri. Marche à moitié. Il fait tic-tac, tic-tac, tic-tac. Infernal. Toute la nuit. Impossible de dormir. Dans son lit Ikéa acheté en soldes. A côté son coloc' ronfle. 7h00. Premier pied par terre. Second pied. Troisième pied... ? ! Qui c’est elle ? Simon se rappelle soudainement. C’est sa copine. Un an et demi hier. Ils ont fêté ça de manière un peu arrosée. Il se lève. Douche. Pas d’eau chaude ce matin. Ration d’eau froide à 5 litres par personne. Va falloir se démerder encore pour se laver rapidement.

Habillé, buvant son café en regardant TF1, il contemple les nouvelles du jour. Rien de passionant. Le président annonce de nouvelles réformes, contre l’insécurité, pour l’emploi, bla bla bla. Il s’en fout. Zap sur les autres chaînes. La 2, chaîne d’information continue, fait état des nouvelles mesures anti-terroristes. La 3, chaîne locale, parle d’un architecte parisien. La 4, toujours cryptée. La 5, plus là depuis plusieurs années. La 6 passe comme à son habitude des clips. Simon s’arrête là, il connaît toutes les autres chaînes de la TNT par coeur : la chaîne du gouvernement, la chaîne du parlement, celle du sénat, celle du CSA, celle de l’Armée… Tout d’un coup tout s’éteint. Nouvelle coupure de courant. Elle ne dure que quelques secondes. Tout se rallume.

Simon enfile ses godasses et son manteau. Rasé de près, il franchit la porte, près pour une nouvelle journée de travail dans les bureaux. En sortant, rien ne le fait détourner le regard de l’entrée de la station de métro toute proche. Ni les tags appellant à l’anarchie, ni le bâtiment en face de celui de son appart, brûlé et détruit par la cellule d’expulsion des étrangers. Il ne pense à rien. Il met son nouvel iPod sur ses oreilles et s’engouffre dans le métro. Pour lui tout est normal et quotidien. La vie suis son cours.

Pourtant on est en 2010. Le président s’appelle Nicolas Sarkozy. Les entreprises publiques n’existent plus. La sécurité sociale non plus. Les aides au logement non plus. Les seules aides qui sont restées sont celles pour la création de familles nombreuses, dans le cadre du programme de repeuplement de la "France de souche". Les étrangers sont expulsés. Ceux dont les parents sont étrangers aussi. Les homosexuels sont condamnés à la prison. La peine de mort est rétablie. Le travail est obligatoire. Et 60% de la population n’a pas de quoi manger plus qu’une assiette de riz par jour. On est en 2010, et tout est normal.

Dans la rue, des affiches du parti populaire unifié scandent "France ! France ! Je t’aime et te protège". Et tout est normal, tout est normal…

A suivre...