Les Chroniques de Valentin

Vivre à crédit

(Ecrit y’a quelques semaines.)

Y’a des jours tu te dit que ta vie n’est pas si mal. T’est pas en taule. T’as de quoi bouffer. Une chambre chauffée pour dormir. Des ami-e-s, des amours… Et t’est pas criblé de dettes. T’as aucun crédit sur le dos. T’as des gens, ils vivent à crédit, ils construisent une vie sur un engagement de fric avec une banque. Y’a peut-être tes parents qu’ont acheté une baraque à crédit sur trente ans alors qu’ils avaient déjà la quarantaine passée. Trente ans c’est une sacré merde. T’imagine ? Trente balais avec un boulet au pied qui s’appelle banque ! Quelle merde !

Les crédits c’est la dépendance. C’est pouvoir acheter avec de l’argent qu’on a pas, du vide, du vent, que dalle. Le crédit c’est un peu comme le mariage mais en pire[1], on peut pas divorcer avant la fin de la période pour laquelle on a signé. Et puis on finit par tout acheter à crédit. C’est tentant, avoir plein d’argent qu’on aura jamais. Alors on achète une baraque, une bagnole, un piano, une télé, un ordi… Et puis tu passe ta vie à rembourser, à calculer, à faire des comptes, voir ce qu’il te restera à la fin du mois pour manger, s’il te reste quelque chose… Et on te fait miroiter encore d’autres crédits. Un ordinateur portable à un euro pour les étudiants. Ouais ! Super ! Ca nous fait une belle jambe. Toi aussi le jeune entre dans le système capitaliste de la consommation, dans l’achat de ce que tu ne peux pas acheter, accroche cette chaîne à ta jambe, tu nous appartiens à présent, tu est prisonnier du capitalisme, si tu rembourse pas on te retrouvera ! Combien de pigeons se feront couillonner par cette arnaque, justement sponsorisée par le gouvernement ? Des milliers probablement.

Le crédit c’est comme une drogue, on crée une dépendance. T’est dépendant de ta banque. Elle te fait vivre à crédit et vivre à crédit c’est pas vraiment vivre. C’est un peu comme vivre enfermé. Tu peux pas sortir. Et tu peux t’en prendre qu'à toi-même. C’est toi le couillon qui s’est enchaîné. Pan dans tes dents. On veux toujours plus que ce qu’on peux avoir. C’est ça le capitalisme, on te donne envie, on te formate et après tu construit toi-même ta prison.


  • [1] ? ? Mais qu’est-ce que je raconte ?