Page blanche
La page blanche c’est l’angoisse dans n’importe quel examen.
La page blanche c’est un plaisir, un désir, partout ailleurs.
Dans un examen c’est la peur de ne pas savoir dire, de ne rien savoir, de ne pas arriver à formuler comme c’est demandé. Les plans en deux parties, trois parties, introduction, conclusion, on teste ta compréhension, c’est juste une évaluation. Et toi tout ce que tu trouve à dire c’est une page blanche ? Un noeud dans la gorge, une boule dans le ventre et l’envie de pleurer. C’est ça la page blanche qui nous fait peur. Une sorte de cauchemar trop réel.
Partout ailleurs, la page blanche est un plaisir. Un désir. C’est de voir sous ses yeux tout cet espace vierge qui n’attends que de se remplir. Ces lignes et ces carreaux avides de mots. Ces marges affamées de gribouillis. Ou le contraire. L’avantage en dehors d’un examen, c’est que le papier, il est libre. On s’en fout d'écrire ou pas sur les lignes. D'écrire lisiblement. D'être soigneux. Y’a tout ce vide, là, qui appelle notre imagination, qui lui crie "Viens ! Remplis-moi ! Dessine-moi ! Gribouille-moi ! Rature-moi ! Déchire-moi ! Donne moi vie!" C’est tout à fait ça : écrire, dessiner, griffonner dans tous les sens, toutes les formes, transmettre des émotions au papier. C’est toujours sublime une plume qui trace les traits de la vie sur le papier. C’est un peu comme une naissance. Une nouvelle vie.
Les feuilles d’examen, elles, sont déjà mortes depuis longtemps. Elles ont l’air aussi gaies que des cadavres.