Les Chroniques de Valentin

I'm in love with you (1)

C'était pendant le voyage scolaire en Écosse. Pendant l'été 2003. Comme partout en Europe, la température était plus élevée que les autres années. Dans le bus, puis dans la ferry qui nous emmenèrent vers le pays des vieux châteaux et des fantômes, je m'étais lié d’amitié avec beaucoup de personnes. Ceux avec qui j'étais le plus proche pouvaient se compter sur les doigts d’une main. Il y avait Anaïs, une petite rousse mignonne plutôt timide, Aurélien, une armoire à glace un peu simple mais très drôle, Maud, une blonde "de taille modérée" comme elle aimait dire, et Léa, une brune excentrique qui me plaisait beaucoup et enfin Valentin, un provocateur hors pair, il était relativement efféminé et n’avait de cesse de revendiquer son côté féminin, malgré son hétérosexualité affirmée dans sa relation avec Maud.

Au fil du voyage, je me suis de plus en plus lié avec Léa. Je la trouvais très mignonne et surtout son côté excentrique m’attirait comme un aimant, étant plutôt réservé de nature. Finalement après plusieurs heures de voyage, nous sommes arrivés à Dunkerque. Il était 20h. Nous sommes montés sur le ferry alors que le soleil commençait à descendre sur l’horizon alors que sa luminosité ne semblait ne jamais faiblir. Après avoir mangés tous ensemble et provoqué une guerre de nourriture entre les différents groupes affinitaires qui s'étaient réunis autour de la table, je suis monté sur le pont. Le soleil allait bientôt s’endormir derrière la silhouette de l’Angleterre qui se détachait sur l’horizon. J'étais accoudé contre la rambarde en train d’affronter la brise marine quand Léa m’a rejoint. Elle est arrivée derrière moi en me pinçant les hanches, ce qui me fit sursauter et me retourner promptement vers elle. Nous nous sommes retrouvés nez à nez, nos visages éloignés de pas plus d’une demi-douzaine de centimètres. Nous sommes restés là à nous regarder pendant quelques dizaines de secondes, souriant de temps à autres. Enfin, nous nous sommes rapprochés et alors que je la voyait fermer les yeux et s’approcher de moi encore plus je gardais les yeux ouverts et dans un élan de refoulement de ma timidité et de courage surhumain à mes yeux, je l’embrassais. Elle avait un goût salé. J’eu l’instant l’impression d’embrasser la mer tellement le goût de sel m’apparu important. Alors que nous continuions à nous embrasser, je l’ai prise dans mes bras, rapprochant son corps du mien jusqu'à en sentir le contact, la chaleur et l’humanité.

Nous sommes restés un certain moment sur le pont à nous enlacer à la lueur de la mort prématurée d’un soleil qui devenait presque bleu derrière un infini jugé inatteignable. Nous nous sommes beaucoup caressés, nous avons partagé un moment de tendresse unique. J’avais l’impression de renaître après toutes ces mois passés sans contact de tendresse, de douceur, de chaleur et d’humanité avec un autre corps. Enfin, voyant approcher la côte de plus en plus, nous sommes redescendus à l’intérieur rejoindre les autres, nous tenant enlacés par les épaules comme deux siamois. Arrivant face aux autres de notre petit groupe, leur surprise fut réconfortante. Aurélien me fit un clin d’oeil et tous les autres nous firent un grand sourire. Aucun de fit de remarque. Comme si mon sourire témoignait qu’il n’y avait pas besoin d’en faire plus. Descendus du ferry, nous reprîmes le bus afin d’atteindre nos familles d’accueil dans la banlieue proche de Glasgow.

Le bus s’est arrêté devant le 45 St. Vincent Street, c'était là qu’on descendait avec Léa et Valentin. On était trois dans la même famille, on avait de la chance car la plupart des autres n'étaient que deux ou tout seul par famille. Valentin embrassa Maud longuement, jusqu'à ce qu’un accompagnateur l’oblige presque à s’en séparer. Pour Léa et moi le problème ne se posait pas vu qu’on allait se retrouver au même endroit. C'était d’ailleurs cela qui nous avait rapproché, le sujet de discussion que j’avais choisi pour l’aborder. La famille était très gentille. Un peu typique de l'écosse avec surtout leur fille, une blonde de 19 ans dont le visage était parsemé de grains de beauté. Elle était très belle et surtout très timide. Bien que notre accent anglais ressemblait plus aux bruitages de R2D2 qu'à un anglais parfaitement maîtrisé, la famille réussit à nous comprendre. Par contre pour les comprendre il eu fallut que nous les fassions répéter plusieurs fois le plus lentement possible. Sur le moment nous avons regretté ne pas être accompagné de Maud qui de par son origine irlandaise parlait un anglais parfaitement maîtrisé. Enfin celui qui la regrettait le plus c'était Valentin, il ne la reverrait que dans deux jours, nous allions passer le week-end uniquement avec notre famille. Mais il me sembla que Valentin était intéressé par Lucie, la fille de nos hôtes. Il la dévisageait beaucoup lors du premier repas, ce qui causait, à chaque fois que Lucie croisait le regarde de Valentin, le sourire gêné de la demoiselle qui s’empressait de tourner la tête vers son assiette.

(à suivre...)