Les Chroniques de Valentin

Le mot travail

Le mot travail me donne des boutons. Non seulement je déteste travailler mais en plus je hais la notion même de travail.

Pourtant je travaille, qui plus est sans être payé, et à des activités fort peu enrichissantes intellectuellement, enseignées par des personnes visiblement frustrées dans leur vie pour n’avoir comme seule passion que d’exercer du pouvoir, de l’autorité, des menaces et distiller la peur et l’absence de confiance. Je suis sans doute fou. Fou de travailler en m’y forcant, en contre-disant mes idées sur la vie, le bonheur, la plénitude.

Mais alors tant pis si je suis fou. Je n’ai qu'à travailler. A me fondre dans le troupeau. A suivre le groupe. A faire pareil. C’est tellement facile d'être comme les autres, de ne pas se poser de questions, ne pas remettre en cause ce qu’on fait et pense. Il suffit de se fondre dans le moule, de suivre le modèle. Il ne me manque plus qu'à faire du culturisme pour devenir une bombe sexuelle à poils lustrés. Et mon acceptation, ma soumission, sera totale. C’est tellement facile de ne faire qu’un parmis tant d’autres.

Pourtant c’est plus difficile d'être à contre-courant. D’ouvrir sa gueule. De marcher à l’envers. De refuser de suivre. De remettre en question. De vouloir débattre. D’opposer des arguments. De vouloir que ça se passe différemment. On est souvent mal vu. Boudé. Incompris. Seul. C’est plus difficile, pourtant la plupart des gens qui préfèrent suivre la norme croient que la voie de s’y opposer est facile, est un choix de fainéant. C’est faux. Ne pas vouloir travailler ce n’est pas être fainéant. On travaille toujours : il faux manger et vivre. Sauf que c’est du travail gratuit, volontaire. Pas du travail forcé, par une tendance dominante, par une obligation capitaliste de "gagner de quoi vivre".

Ici c’est étonnant ce que tout le monde est formaté et normalisé, résultat stupéfiant d’une propagande incessante. Les professeurs nous ont posé des questions. Quel est votre rêve dans la vie ? "Être riche", "Avoir une bonne situation", "Avoir un travail bien payé", "Avoir une maison, des enfants, une famille, un métier".

On m’a demandé "Que voulez-vous faire plus tard?". J’ai répondu le plus simplement du monde "Rien.", certains ont rit. Pourtant ce n'était pas drôle, je n’ai jamais été aussi sérieux. Mais pour certains c’est une blague. "On ne peux pas vivre sans argent" ni "sans travail", je suis "un fainéant", je veux choisir la "voie la plus facile", je vais "gâcher ma vie"... Face à tant d’incompréhension de mes amis et proches confrontés à mes récentes réflexions sur les modes de vie en accord avec moi-même, je me sens quelque fois désemparé.

Je n’ai pas fait de choix. Je me sens encore trop compromis et à l’aise dans mon mode de vie "capitaliste". Mais la réflexion avance. Et surtout j’espère faire comprendre un jour à mes amis et proches pourquoi ces modes de vie "alternatifs" m’intéressent, pourquoi ils me semblent "justes" et surtout qu’il est possible de vivre autrement, que ce n’est pas "gâcher sa vie", bien au contraire…