Les Chroniques de Valentin

C'était une journée comme une autre

C'était une journée comme une autre. Un jour d'été parmi tant d’autres ou il faisait très chaud. On était dans mon jardin. Elle était assise nue sur un tabouret à vis en bois, un de ces bois de pin agréable à toucher et à regarder, dégageant de par sa vue, son odeur et son toucher un profond sentiment de chaleur, de douceur. Au milieu de la pelouse de mon jardin que je n’avais sûrement jamais tondue, elle restait assise là sur le tabouret à me regarder et ainsi j’avais l’impression qu’un soleil s'était posé sur mon tabouret, au milieu de mon jardin.

Elle était très belle. Oh pas le genre de beauté qu’on voit dans les kiosques à journaux. Plutôt le genre beauté modeste et superbe. Régulièrement elle remettait en place derrière son oreille gauche la mèche de cheveu qui venait se placer devant ses yeux de par la légère brise qui règnait ici, faisant danser le champ de blé d'à côté. Elle accompagnait toujours ce geste quasi-machinal d’un sourire un peu étouffé, détournant légèrement la tête, comme si elle était un peu honteuse de son sourire, ou de la non-blancheur de ses dents.

Elle avait une jolie petite poitrine, laissant apparaître de petits tétons pointant vers moi comme deux index accusateurs. De temps en temps elle se penchait pour arracher quelques brins d’herbe ou une des quelques rares fleurs sauvages parsemant le jardin. Quoi qu’elle faisait elle gardait toujours les jambes croisées très serrées. Même nue, assise au milieu de mon jardin, elle tentait de se cacher et gardait sa pudeur de jeune étudiante.

Les courbes de ses rondeurs, principalement aux fesses et aux hanches, dessinaient sur son corps une sorte d’invitation au désir. Elle n’arrêtait pas de me répéter qu’elle se trouvait grosse, qu’elle devait faire des régimes. Mais heureusement j’avais réussi jusque là à l’en dissuader, même si je n’avais pas eu le même succès dans mes tentatives de la persuader qu’elle était belle, désirable et plus qu’agréable à regarder.

Elle tournait sur le tabouret comme un enfant, en faisant grincer la vieille vis en bois. Et je suis resté là à la voir s’amuser à regarder autour d’elle les détails du jardin, me regardant à chaque tour en riant.

Et enfin j’ai pris mon carnet de croquis, j’ai commencé à tracer quelques courbes, à retranscrire dans mes traits tout le désir et le plaisir que j'éprouvais à cet instant. Chaque nouveau mouvement de main intensifiait mon plaisir, tel un long coït dont mon crayon en était la verge tendue par le désir et la jouissance. Alors je l’ai dessinée, là, sur mon carnet de croquis, entre une fleur et une pomme. Et c’est ce jour là, sur cette feuille de papier, avec ce crayon, la regardant nue sur le tabouret, que j’ai compris ce qu'était la beauté.