I'm too old for this shit
12 ans que je tiens ce journal. Douze longues années. Quand je relis parfois je me rends compte doucement que contrairement à mes souvenirs rien de ce que j’écris n’a de valeur ou d’intérêt. Ce que je pensais être de la belle prose, à la relecture n’est qu’un amoncellement de phrases sans intérêt, parfois sans même le moindre sens.
Et comme si ça ne suffisait pas, quand j’écris sur quelque chose c’est souvent la même chose, rabâchée en boucle, montrant par là-même le manque d’intérêt de mes pauvres mots. C’est pitoyable. De la solitude et de l’ennui. Je ne parles que de ça.
Il paraît que la dépression est une maladie. Ce n’est pas vrai. C’est une compagne, cruelle et silencieuse, qui accompagne et se manifeste en tout moment et toute occasion. Qui ne lâche jamais son emprise. C’est une habitude. C’est une constante. Dont la présence est semblable à un boulet qu’on aurait au pied. Depuis tant d’années. Qu’on n’y fait même plus attention. Mais qui est omniprésente. Et qui se rappelle à notre souvenir dès que possible.
Il paraît que la dépression est un truc d’adolescent. C’est faux. C’est juste que les adultes sont tellement médicalisés qu’ils n’y font plus attention, ils la vivent depuis tellement longtemps, qu’elle fait partie du quotidien.
Avec la précision d’une horloge elle revient te mettre une boule dans le ventre, un creux béant. Qui fait que même si tu es entouré de personnes qui t’aiment, tu te sens seul et inutile. Comme un vieux chiffon ignoré. Est-ce vrai ? Impossible de le savoir. C’est là la perversité du truc.
Douze ans plus tard j’aurais espéré pouvoir écrire des choses plus intelligentes. Des mots plus réfléchis. Des sentiments plus grands. Plus beaux. Plus nobles. Mais non. C’est toujours la même merde. Et jamais ça ne s’arrête. Jamais.