Dans les angles vertueux de nos souvenirs les plus sincères
Dans les angles vertueux de nos souvenirs les plus sincères je me remémore les instants passés de nos partages secrets. Ce sont nos sourires complices, nos confidences espiègles, qui nous ont rapprochés à cet instant où le vieux monde s’opposait à nous. Qui nous ont fait nous apprécier, alors que rien n’indiquait que nous aurions un jour le courage d’ouvrir la bouche et déclamer le moindre mot ou même la plus simple syllabe en face de l’autre. Tout timides que nous étions, face à ce mur de verre qui nous séparait. Mais qui finit par se fissurer avec les à-coups violents de notre passion à venir, que nous ne pouvions qu’ignorer avant de lui faire l’égard d’un oubli honteux. Quand nos doigts en vinrent à se toucher, fragiles comme la brise de juillet dans les feuillages du hêtre, le choc faillit nous faire tituber. Comme si un arc électrique s’était créé, et que nous avions réalisé, en une nano-seconde à peine, que nous existions côte à côte dans le même univers. De mes oublis amoureux je ne me souviendrais alors plus jamais de cet instant perdu dans l’immensité de mes habitudes. Et je ne saurais même pas ce qui me manque. Je ne me souviendrais même plus que tout cela a bien pu exister.