Les Chroniques de Valentin

C'est ça

C’est ça
C’est ça que je voulais te dire
Que je ne savais pas exprimer
Pas même penser
Car pas le temps
Pas la liberté
Pas l’envie
Pas le courage
Pas grand chose à dire
Enfin je croyais

C’est ça
Ça qui m’occupait
Qui me chargeait l’esprit
Qui inhibait mes actions
Qui me faisait sentir vide
Inconsistant
Inutile

Ça
C’est l’habitude
De ne plus rien avoir à te dire
De ne plus rien avoir à penser
À ressentir
À vouloir
À éprouver

C’est ça qui manque
Ça
Lancinant
Enivrant
Fatigant
Répétition inlassable
De ce que je voudrais dire
Mais ne sais plus exprimer

Ça
C’est le mot
La phrase
Que je ne peux prononcer
Que je ne peux formuler
Que je peux même pas imaginer
Dans l’esprit étriqué
Qui fait désormais office de cerveau

Ça
C’est le vide qui m’habite
La dépression n’existe même plus
Je n’aime plus rien
Je ne ressens que néant
Dans le temps je pensais être créatif
Intéressant
Je réalise que je ne suis qu’une pierre du mur
Que l’on se construit
Autour de soi
Pour se protéger
Des autres
De soi
De tout !

Ça
Je crois que c’est ce qui me manque
Le mot de la fin
La ponctuation

C’est ça
C’est ça
La peur
La lassitude
Le désespoir
Qui viennent et repartent
Et je n’y fait même plus attention
Car c’est ça dont je me sauvais
Et maintenant que je sais leur échapper
Je réalise que je n’ai rien gagné
Que l’on ne se sauve pas soi-même
Sans y laisser ce qui nous habitait

La hargne
La passion
Les flots de mots qui débordaient par centaines
Les envies qui s’extasiaient
Et tout le reste

Et le reste
Il n’en reste plus
Rien