Les Chroniques de Valentin

Parfum d'oranges, après l'hiver

Je reprendrais le maquis pour vous fuir. Pour vous dire que les résistants d’hier sont les terroristes d’aujourd’hui. Que les fous seront faits généraux ou colonels. Je fuirai vite et loin pour ne pas voir vos visages surpris. Je vous laisserai sur place. Vous laissant à vos habitudes. Vos rues de magasins, vos galeries marchandes, vos regards fuyants, vos docilités quotidiennes face à l’adversité. Préférant courber l’échine plutôt que protester. L’avidité n’aura d’égal que votre servitude. Croyant que le travail rends libre. Le matin je lacèrerai vos corps froids pour vous laisser dans le caniveau, attendant les rats et les camions poubelles qui viendront dévorer ce qu’il restera. Et puis j’attendrai la suite. J’attendrai que l’hiver vous recouvre. Que les oranges se fanent sur votre passage. Que les drapeaux noirs flottent sur les palais et les multinationales. Pour pouvoir respirer, enfin.