Auto-considérations
Sous moi, la ville ronfle et mugit lentement, comme un vieil animal repu qui s’endort en prenant le temps d’apprécier les dernières lueurs d’une journée qui se meurt. Je pense à toi en écrivant à nouveau dans ces pages. Toutes mes nuits j’écris des poèmes à ton sujet. Dans mes songes ou dans mes éveils, j’écris sur le papier de mes pensées de doux mots dont tu n’aura jamais connaissance. Je fait la cour à une amante qui l’ignore totalement. Une situation un peu étrange, mais je n’ose te révéler, jour après jour, les mots que je t’offre dans le plus grand des secrets.
Ecrire au sujet d’une personne est vraiment différent d’écrire pour une personne. Quand je me relis je me trouve trop passionné, trop entreprenant, trop retenu, trop sujet à interprétation, trop ceci et trop cela. J’ai peur que tu sois effrayée par les mots, que cela soit trop, trop vite. Mais les écrits expriment la passion, sans trop de retenue, ce qui est différent de la réalité quotidienne ou d’autres considérations entrent en compte.
Tous ces odes à toi te resteront à jamais inconnus, même lorsque je prends le temps de les coucher sur papier. La folie, la passion, la provocation, la tendresse et la béatitude, par contre, te rencontreront peut-être un jour.
Mais si j’osais, si je franchissais le pas, si tu lisais cette prose, qu’en penserais-tu ? Serais-tu gênée ? Te dirais-tu que je suis quand même assez étrange ? Prendrais-tu peur ? Peut-être vaut-il mieux que je ne sache jamais la réponse et que je garde tout cela pour moi.