Les Chroniques de Valentin

La couleur de l'espoir est le gris

Dégoûtés de la rengaine malodorante des jours qui se lèvent les uns après les autres sans se soucier du monde, les mots restent là bien au chaud, entre la langue et le palais. Ils ne sortiront pas, ils attendent que tout se passe, que l’occasion soit belle.

Alors même que des belles il en passe beaucoup devant lui il n’y fait plus attention. L’amertume et les regards fatigués ont depuis longtemps dévoré sa vie. Il est 10h15 du soir et déjà la journée se termine. Comme toutes les autres elle ne lui a rien apporté. Il s’est juste efforcé de faire passer le temps. Comme s’il en avait trop, qu’il voulait le gaspiller.

Et ce sont la bouche des métros qui dévorent et recrachent qui lui font peur, qui lui font fuir les rues froides de Paris. Et tout ces coeurs à portée de main qui ne demandent qu’à être arrachés et déchirés en lambeaux. Ils sont si désirables et fragiles, il ne pourrait en faire qu’une bouchée. Tous en même temps. Il est l’ogre et le vampire, qui dévore et transforme celles qu’il mords.

Et pourtant aucune ne se méfie, même quand il lui reste du sang au bord des lèvres, elles ne se doutent de rien. Il voudrait leur dire, mais les mots restent coincés dans sa bouche comme un pieu au milieu du coeur.

Le vampire qui ne pleurait jamais ne rêve pas. Il crée et met à sa disposition selon ses envies. Il dispose de vous pendant que d’autres se reposent. Quand le vent s’engouffre dans une cheminée vous ne l’entendrez pas arriver dans votre dos.

Mais il est las, de félonie en cruauté il se fatigue et la routine le démange. Le matin quand il va se coucher et que le ciel gris se lève il n’espère plus rien. Il aimerait juste que l’éternité soit un peu moins longue.