Les Chroniques de Valentin

2007

Et la nouvelle année est arrivée. Discrètement. Sans se faire remarquer. Pour tout vous dire je l’ai même pas vue venir. Elle est passée par derrière la maline. C’est comme ça y’a des fois le temps passe sans qu’on le vois passer. Et depuis presque dix mois il passe à une de ces vitesses. Je crois que le fait de travailler me motive à faire encore plus de choses. Et j’en fait encore plus. J’ai jamais autant avancé et aussi vite sur tous les plans, sur tous mes projets. Et c’est bénéfique parce que ça me valorise. Mais le résultat c’est que mes journées sont quand même bien remplies, que j’ai pas vraiment le temps de m’ennuyer. Et que justement en parlant de temps je ne le vois plus filer. Il passe trop vite. Et je crois que plus on vieillit plus il passe vite. Et plus on est triste de le voir passer aussi vite.

Alors une nouvelle année, qui se pointe comme ça, alors même qu’on a pas vu passer la précédente, ben ça fout un coup de vieux. C’est pas négatif. J’ai fait plein de choses, je suis content de la manière dont se déroule ma vie. Je me rappelle aussi des moments durs, très durs, que j’ai passé. Mais je me souviens surtout de tout ce qui s’est passé de positif, de comment je me sens vivre pleinement. Et ça n’a pas de prix.

Je suis un peu en retard pour faire le bilan de nouvelle année mais c’est seulement maintenant que je me sens d’en parler. Tout comme ce journal semble parfois un peu mort, délaissé, alors que tous les jours je réfléchis à quoi y écrire. Quels mots, quelles phrases. Et finalement je suis pris par le manque de temps. Toujours le temps. Et au final je découvre qu’il est plus important de vivre que d’écrire la vie. Alors le journal devient secondaire, moins important. Mais je finis par réaliser qu’il est au contraire primordial. Qu’il est un fil qui suit ma vie. Une constante à laquelle je peux me raccrocher. Et que beaucoup de gens me lisent ou aucun ça ne change pas grand chose. J’écris pour le plaisir d’écrire. Ainsi ce journal se suffit à lui-même.

Ce soir, elle n’a pas compris comment je peux écrire ma vie aux yeux de tous. Un journal. Intime. Public. Oui c’est ma vie privée. Oui c’est personnel. Mais pourquoi ça devrait être secret ? J’ai des choses dont je ne veux pas parler publiquement ici et je ne le ferais pas. Mais pour toute la vie quotidienne, les réflexions, les mots, les états d’esprits, la vie en général. Pourquoi devrait-elle être secrète ? Mon journal c’est aussi ma vie depuis bientôt cinq ans. C’est ma mémoire écrite. C’est une vision de ma vie, subjective, mais au final objective parce qu’elle comporte autant mes défauts que mes qualités à mes yeux. Ce n’est pas juste parler pour parler. C’est parler pour la mémoire. Sa propre mémoire. Celle dont on veux se souvenir. Ou même celle dont on ne veux pas se souvenir. Et celle qu’on veut laisser.

Certains disent qu’ils peuvent être nu-e-s en public sans problème, que leur véritable intimité est à l’intérieur. Mais le problème du journal intime public repousse encore cette limite de l’intimité. Même ce qui est à l’intérieur -et surtout ce qui est à l’intérieur- on l’expose aux yeux de tous. Alors que nous reste-t-il de personnel ? J’ai envie de répondre tout. Pour moi ce qui est personnel ou intime n’est pas secret. Sans oublier que ce qu’on écrit est choisit, ce n’est pas notre vie telle qu’elle est, mais telle qu’on veut bien la faire voir à un regard extérieur. D’une certaine manière on manipule le lecteur. On ne lui donne qu’une certaine vision, restreinte, de nous. Peut-être qu’on lui donne simplement des clés pour tenter de nous comprendre. Mais au final tout cela ne pourrait être qu’une grande mascarade. Un mensonge éhonté. Mais c’est ça l’écriture.