Alcooool
Alcooooool Deux fois plus de bonheur et deux fois plus d’amis Deux fois plus de taxi voir double ça change la vie Alcoool Le monde me donne la gueule de bois et l’alcool arrange ça ! Alcool, sans toi pas de Gainsbourg, sans toi pas de Rimbaud ! Sans toi on serait contraint de se bourrer à l’eau
(Marina Foïs in Filles Perdues, Cheveux gras, de Claude Duty)
Ces paroles sont évidemment à prendre au 70ème degré (je précise au cas où...). Ca faisait longtemps que j’avais pas été dans cet état. Plus d’un an, et là j’ai vraiment mis du temps à redescendre. En fait j’avais pas mangé, quasiment pas dormi depuis deux jours et j’ai bu quelques bières, grâce à la complicité active de mes compagnons de soirée, dont une très jolie demoiselle… J’étais déjà assez angoissé/mal ce soir alors j’ai eu du mal à résister et puis c’était si facile. Ouais, si facile. Alors voilà j’ai un peu plus bu que d’habitude et j’étais relativement perché. En fait la sensation que procure l’alcool est assez étrange. On se sens ailleurs, présent, mais absent. Une sensation bizarre. Qui peux être agréable mais qui peut vite virer au cauchemar si on repense à des trucs qui nous dépriment. Je sais que j’aurais pu arrêter de boire plus tôt. Mais l’important pour moi est que tout au long de la soirée je suis resté maitre de moi, de ma consommation et de ma conscience. Je pars sur Paris. J’avais envie de passer une bonne soirée avec mes ami-e-s pour une fois, d’entrer dans leur jeu pour leur faire plaisir et me faire plaisir également. Et ça a marché. J’ai passé une excellente soirée. A aucun moment je ne me suis senti dépossédé de mes moyens. De ma raison. J’ai su qu’à tout moment je maîtrisais ce que je faisais et ce qu’on me faisais. Les jeux auquel je participais je savais quand les arrêter, et je l’ai fait. J’ai exploité le côté joyeux de tout ça pour oublier un peu mes angoisses. Le fait est que tout ce que j’ai fait ce soir j’aurais pu le faire sans alcool, mais qu’il m’a juste permis de couper plus rapidement les ponts avec la réalité de la journée. J’ai été joyeux et proche des gens comme je sais l’être d’habitude. J’ai aussi compris le moment ou je devais partir et je l’ai fait.
Je crois que j’ai aussi bu pour me prouver ce que j’était, pour briser les fausses idées, les mensonges, les a prioris. Tout ce que les gens ont pu dire sur moi je me suis en quelque sorte prouvé que ce n’était pas vrai. Que mes relations ne sont pas superficielles. Qu’elles ne sont pas juste "pour du sexe" comme on ne cesse de me le reprocher. Que mon choix n’est pas une solution de facilité. Que je sais résister, que mes principes ne sont pas des mots lancés en l’air. Que je les respecte, même quand la facilité est là. La facilité je l’ai bien sentie ce soir. La facilité que je peux avoir à créer une proximité avec les gens, une complicité. La facilité à flirter, autant le dire, et la facilité à savoir qu’aller plus loin n’est qu’une frontière qui n’existe pas. J’ai tendance à être très paresseux. Alors la facilité c’est toujours pour moi une solution toute trouvée. Tout m’est toujours tombé "tout cuit". Et là ça serait tellement facile oui je le sens c’est à portée de main, non de doigt, non d’ongle. Oui ça serait tellement facile d’être ce que souvent on crois que je suis. Un vulgaire profiteur. Un connard de première. Mais non je ne suis pas comme ça. Et je m’efforce de me tenir à mon choix, qui n’est pas celui de la facilité mais celui de tenter de construire des choses solides avec des gens que j’aime sur le long terme, et que ça n’a rien de facile. Parce que pour moi le long terme c’est la liberté et le respect mutuel. Ce n’est pas l’enfermement. Ce n’est pas l’injure ou l’attaque personnelle pour descendre gratuitement toute personne qui pourrait se mettre en travers de la relation. Ce n’est pas tout ça. Mais c’est tellement de choses…
Tout cela est un effort permanent, d’inventer quelque chose de nouveau, de n’avoir aucun modèle, de ne pouvoir se comparer à rien ni personne, de devoir se battre contre soi-même et ses propres constructions psychologiques qu’il faut déconstruire, pour, petit à petit, se construire quelque chose qui nous ressemble. Il faut se battre contre la terre entière parfois, expliquer ses choix ou les imposer comme s’ils étaient évidents, comme les autres le font avec les leurs, se faire insulter, traiter de tous les noms, devoir faire comprendre que personne n’a le droit de manquer de respect à nos choix et nos partenaires. Tout cela est un combat quotidien. Mais je sais déjà ce soir que j’ai gagné une partie du combat contre moi-même et les autres. Et que même si tout ce combat est vraiment parfois très difficile je ne peux pas renoncer à être moi-même.