Les Chroniques de Valentin

Croire en tout

Je crois en tout, en l’éphémère, en l’absent, en l’inexistant. Je crois en l’instant, pas au temps, mais au souffle du vent, au lent mouvement incandescent. De ces yeux qui transpercent la brume. Du monde qui poignarde nos coeurs. De nos voix qui se perdent dans le lointain. De nos pieds qui éclaboussent l’éclatant parterre tout blanc. Que nos vies se sont éloignées de nous. La tempête souffle en notre for intérieur. Tout décolle, s’envole, virevolte, retombe en grand fracas. Nous sommes la flamme de cette terre. On s’éteint, on se meure, on se fait tout petit. Minuscules molécules de néant au milieu de nul part. Tout tambourine à l’intérieur. La tête. Ces migraines infâmes. Le coeur. Il cherche à s’enfuir. Le ventre. Tordu de douleur. Le sexe. Broyé par le temps. Les jambes. Eparpillées en poussière. On se paraît autant qu’on se disparaît. Nos enfants nous arracheront les yeux. Pour nous voler les images d’un monde qu’ils ne connaîtront pas. Nos seins ne nourriront que des charognes. Et de nos lèvres sortira, blanc comme la neige qu’on a sali, le lait nourricier des terres austères, ogres affamés de chaire de fer. Laisse moi t’arracher le nez avec les dents, je te dirais pourquoi après. J’ai faim de chair humaine. Je suis vampire, loup-garou, cannibale, ou simple homme d’affaire. Je veux sentir les muscles, tendons, graisses, peaux dans ma bouche, les mâcher, les avaler, les digérer. Je veux boire le sang. Je veux lécher leur chair, la dévorer comme le pire des animaux. Je suis la bête primale. Je suis un cauchemar. Je suis imparable. Inaltérable. Je suis le monstre qui est en vous. Je suis votre conscient qui se voudrais inconscient. Le corps disloqué, vous n’êtes plus rien, alors, vous êtes enfin libres, humains. La mort est votre seconde naissance. Et votre sang sur mes lèvres n’est que la cerise sur le gâteau. Un petit plaisir personnel. Je suis l’ogre qui se tapis en chacun. Je suis le dahu, monstre légendaire, que tout le monde connaît mais que personne ne voit. Je suis en chacun de vous. Et je ne crois pas en vous. Je crois en tout, mais surtout pas en vous.

L’humanité est la plus hideuse des créature qui existe. Car elle n’existe pas. Elle imagine exister. Elle prétends être. Mais elle n’est rien. Le néant. Une parure d’or sur une chair taillée à vif, saignante à point. Désarticulés pantins de chair, nous sommes condamnés à errer…