Sanglots haletants. Sur le bord des marches. Ici le temps est maussade. Larmes mêlées aux gouttes de pluie. On est en écosse. Et il tombe toujours un peu d’eau du ciel. Se répand sur mes cheveux. Mon visage. Ma nuque. Dans mes yeux. Tout se dilue. Gouttes salées de larmes désséchées. Ce séjour touche à sa fin. Les jours coulent et s’écoulent de tout leur long mais ils sont trop pressés. Demain on reprends le bus, chemin inverse pour retourner en France. Triste départ. Dur de quitter ce pays. Mais c’est en même temps une joie de retrouver les autres. Ici nous nous sommes soudés les uns aux autres. D’un groupe d’amis nous sommes devenus une famille. Drôle de famille, un peu distendue au moment de se dire adieu. Il s’est passé trop de choses pour moi je pense.

Valentin est tombé amoureux de Lucie. Quentin et Léa sont sortis ensemble. Puis se sont séparés. Quentin a couché avec Aurélien. Je suis tombée amoureuse d’Anaïs. Beaucoup de choses en à peine un mois. Beaucoup de changement, de réflexion, de nouvelles choses. J’ai pris un an de plus d’un seul coup. La vie s’est déroulée à toute vitesse, comme si elle avait du temps à rattraper. Tout cela est difficile. Il me faut un peu de temps pour faire le point je crois, revenir sur moi-même, prendre le temps de me poser, réfléchir, me ressourcer. Anaïs va m’y aider, elle m’apporte tellement de belles choses. Sa gentillesse, sa tendresse… Je suis devenue accroc à ses mains. Quand elle arrive derrière moi, m’embrasse le cou, puis descends ses doigts le long de mon dos pour caresser mes hanches, où ses mains glissent vers mon ventre puis mes cuisses… Je suis dans mon univers avec elle. Je suis dans ma bulle, en sécurité, sereine. C’est assez nouveau et stupéfiant pour moi.

Demain, on reprends le bus. On repart tous. Tous sauf un. Valentin ne vient pas avec nous. Il reste ici. Avec Lucie. Il ne sais pas combien de temps. J’ai du mal à accepter cette idée. Déjà de le partager avec elle, mais qu’il reste ici pour elle en plus… Je suis lésée. Je l’aime fort et je dois le laisser loin de moi. Et surtout il préfère rester ici avec elle plutôt que rentrer avec moi. Il a pris sa décision hier, sur un coup de tête. Et c’est aussi pour ça que je l’aime, pour sa force indescriptible à rester libre à n’écouter que son coeur… Ce grain de folie imprévisible qui frappe quand on ne s’y attend pas. Cette capacité à ne jamais être comme les autres. A toujours vouloir rester unique. Ca ne m’en rends pas moins triste… Demain nous partons et dans le bus une place vide marquera particulièrement une absence lourde à porter… Un amour d’été pluvieux qui me fait chavirer…

Tout se mélange dans mes yeux. Des larmes à la pluie. Je voudrais tant qu’on puisse tous rester ici encore, encore… Les marches du porche de mon correspondant, de la pluie, des larmes et moi qui cherche encore pourquoi la vie n’est pas un long fleuve tranquille mais un torrent qui s’écoule à une vitesse folle…

Maud.

(à suivre...)