Les Chroniques de Valentin

Vingt ans en 2005: Pas assez de temps.

Avoir vingt ans en 2005. Drôle de phrase. On dirais une sentence. Genre condamnation. Le temps passe, on vieillit, tout bouge autour de nous. Et puis la vie est trop courte pour la gâcher, alors on veut prendre le temps de savourer le temps qui s’écoule. Et coule, coule lentement comme de la cire chaude le long de ma peau. Les rides ne sont que les restes de sourires qu’on a pu faire. Pourtant, pourtant, pourtant. Pourtant je ne veux pas grandir. Je n’ai pas peur de la mort. J’ai peur du temps. Qui passe et s’écoule. Qui trépasse et roucoule. Le temps. Pas assez lent. Tout est fluide. Courbes. Sinusoïdales. Tout fuit à l’horizon. Je suis la ligne d’horizon. Je suis la ligne de fuite. Tout passe si vite. Tout se passe trop vite. Succédané de vie, chaque année.

Avoir ving ans en 2005. Qu’est-ce que ça veut dire ? Ca veut rien dire. Chômage, pollution, balisage, auto-destruction… Drôle d’avenir. J’ai l’impression d’avoir loupé quelque chose en route. Les quatre dernières années se sont passées si vite. Seconde. Première. Exclusion. Bac candidat libre. Loupé. Terminale. Arrêt. Bac. Loupé. Un peu l’impression d’avoir fait tout ça pour rien. C’est marrant quand même, quatre an pour rien. Evidemment il y a les gens rencontrés, les projets montés, les amitiés et amours liés, et ça, ça n’a pas de prix, c’est tellement important. Mais sur le plan professionnel. Je ne suis plus dans une case. Assez flippant. Je n’ai rien de prévu. Je ne sais même pas si j’ai envie de prévoir quelque chose. Je ne sais pas ce que je vais faire ni ce que je veux faire. Jusque là j’ai fait, c’est tout, sans penser à ce que j’allais faire, je le faisais comme ça venait. Il y a un côté flippant, mais un autre côté rassurant aussi. Parce que je suis serein. Je ne sais pas pourquoi, mais c’est comme ça.

Vingt ans. Et toute la vie devant moi. Je ne sais pas ce qui est le plus angoissant : avoir déjà vécu tout ça et fait toutes ces choses ou réaliser que je mourrais peut-être avant d’avoir pu faire tout ce que je voulais faire…

Je n’ai pas peur de la mort, j’ai peur du temps. J’ai besoin de temps, j’ai peur de ne pas en avoir assez…