Les Chroniques de Valentin

Vivre

Dis, tu te souviens?
Quand on était allongés sur ton lit
A regarder le plafond
Le souffle encore court
De nos ébats passés
A rêver qu’un jour il n’y aurait plus de plafond devant nos yeux
Juste l’immensité du ciel
Et la promesse de liberté que cette étendue nous offrait

Dis, tu te souviens?
Quand on disait que la nostalgie ne servait à rien
Qu’il ne fallait jamais retourner la tête
Qu’il fallait partir sans se poser la question
Quand allait-on revenir?
On était un peu cons, au fond,
De croire qu’on pourrait vivre sans repenser à ça
La larme à l’oeil en se disant comment le passé est beau
Et comment le futur nous paraît sombre

On était déjà trop jeunes
Pour réaliser qu’un jour on deviendrait comme nos parents
Ou pire
Mais juste assez vieux pour savoir qu’on était déjà foutus
Que l’espoir ça n’existait que dans les films
Et dans les journaux télévisés
Quand le présentateur parle d’une personne disparue

Nous on pouvait pas disparaître
On était jamais apparus
On avait toujours été transparents
Invisibles aux yeux des autres

Au fond c'était mieux comme ça
Nous deux, êtres transparents, allongés sur ton lit
En pensant qu'à aller plus loin
A détruire ce plafond
A s’envoler toujours plus loin
A croire que prendre le large c'était simple

Finalement rien n'était simple
Et surtout pas la vie
Et encore moins l’avenir
On ne s’est plus jamais retrouvés comme ça
Allongés sur ton lit à vouloir aller plus loin
Tu t’est envolée
Mais pas de la manière dont je rêvais

Et je suis seul
A essayer de briser ce plafond
Qui nous limite, qui nous divise
Qui ne nous rapproche que du fond
Et qui nous éloigne de la brise.