Cinq minutes, pas plus
Vivre vite et mourir à l’heure.
Vivre vite et mourir à l’heure.
Vivre vite et mourir à l’heure.
C’est l’heure Valentin ! Cinq minutes, pas plus !
Ce matin Valentin a mentit à Léa. C’est sorti tout seul, comme ça, spontanément. Valentin a souvent menti aux gens. Parce que mentir c’est plus simple, parce que la vérité n’est pas très belle, parce que la réalité n’est pas facile à expliquer, parce qu’on a pas toujours envie de se dévoiler. Alors Valentin menti, pendant longtemps, plusieurs années. Pour se donner de l’importance, pour ne pas se sentir seul et vide. Il a inventé des mensonges de plus en plus incroyables et forcément tout le monde n’y croyait plus. Valentin était arrivé à un point ou ses mensonges devenaient des réalités pour lui. Alors il a décidé d’arrêter. C'était il y a 5 ans. Ca n’a pas été facile, ça lui colle toujours à la peau, toutes ces relations factices qu’il a créé lui-même. Et aujourd’hui encore quelque fois un bobard lui échappe sans qu’il s’en rende compte.
C’est ce qui est arrivé ce matin. Léa lui disait qu’il devrait faire du sport. Lui a dit qu’il avait de l’escalade au début de l’année. Evidemment c’est faux. Elle s’en est vite aperçu et lui n’a pu s’empêcher d’avouer. Elle l’avait prévenu pourtant, s’il lui racontait encore un mensonge, elle le quitterait. Alors elle l’a quitté. Clic ! Déclic dans la tête de Valentin. Les contrôles, le Bac, les cours, les critiques, les gens qui l’agressent sans raison, et maintenant Léa. Trop c’est trop. Valentin en a marre. Il veux disparaître, se faire tout petit, vivre seul ne plus être embêté, changer de planète, mourir. Quand la vie ne tient qu'à un fil et que ce fil se brise, que se passe-t-il ? Rien. Le néant. Le vide. Le noir. La mort.
Seulement vouloir mourir ce n’est pas pouvoir mourir. Valentin n’a pas pu, incapable de franchir le pas. Il était partit du lycée en ne laissant comme trace qu’une lettre à Julie, pour qu’elle la remette à Léa. Mais Valentin n’a pas eu le courage. Il aime trop cette vie en vérité. La couleur des fruits et légumes exposés devant la supérette, le visage des gens qui marchent, les murs des maisons, les voitures qui passent… Valentin n’a pas pu.
Mais ça ne change rien, il se sent toujours aussi seul et aussi vide qu’avant. Léa l’a quitté, elle lui a demandé le week-end pour réfléchir, mais il ne veut pas. Il l’aime, et pour lui c’est tout ce qui compte. C’est elle qui lui conseille de privilégier le paraître par rapport à l'être au lycée, mais c’est elle qui le quitte pour ce qu’elle a conseillé. Valentin lui n’a pas à mentir à Léa, mais il arrive de rares cas ou c’est plus fort que lui. C’est vrai aucune n’excuse n’est valable face à un mensonge, aussi bonne et justifiée soit-elle. Mais pourquoi ? Pourquoi est-ce que ça doit se passer comme ça ?
Cette société est machiavélique. Elle nous fait tout prévoir, tout réfléchir, tout planifier. Il faut vivre vite, et mourir à l’heure. C’est ce qu’on dit, c’est ce qui est prévu.
Vivre vite et mourir à l’heure.
Vivre vite et mourir à l’heure.
Vivre vite et mourir à l’heure.
Ce n’est plus l’heure Valentin ! Cinq minutes, et même plus…