Les Chroniques de Valentin

«Je ne joue plus»

«Un mois, deux semaines et quelques poussières. Record battu. Coeur déçu. Je ne joue plus». Voici comment commence la lettre que Valentin a remis à treize heures à Léa, avant de devoir la laisser. Valentin a écrit cette lettre par amour. A première vue ça ne ressemble pas vraiment à une lettre d’amour mais c’en est une. Valentin aime Léa. De plus en plus chaque jour. Il l’aime comme un fou. Mais ce n’est pas parce qu’il l’aime qu’il doit se retenir de lui dire ce qui le blesse…

Valentin en a marre. Marre de l’humour ravageur de Léa. Un humour plutôt noir pour Valentin. Puisque cet humour ne cesse de rabaisser Valentin, de le critiquer. Ce n’est pas fait avec une intention méchante, c’est juste pour rire. Mais cela blesse Valentin chaque jour un peu plus profondément. Il a mal, son coeur saigne. Il ne peut plus souffrir en silence. Il ne peut plus supporter l’humour décalé de Léa sans sourciller. Il souffre et ne veut plus continuer à faire mine de rien alors que ça ne va pas.

Dans cette lettre, Valentin demande à Léa de choisir si elle veut continuer à jouer de son humour mais sans lui ou si elle préfère arrêter de le faire souffrir. C’est sincère. C’est vrai. C’est le coeur de Valentin qui parle sans retenue pour la première fois depuis longtemps. Cette sincérité est un risque, Valentin le sait. Il sait que peut-être demain tout sera finit entre Léa et lui. Peut-être que demain il pleurera. Peut-être qu’il criera son malheur à la face du monde. Mais peut-être aussi qu’il riera en compagnie de Léa. Peut-être… On ne peut pas encore savoir ce qui va se passer.

Mais dans le message que Léa a envoyé à Valentin tout à l’heure on peut entrevoir de quoi sera fait demain pour Valentin : «Tu m’as pris mon coeur. Tu m’as pris mon innocence. Tu m’as pris mon insouciance. Maintenant tu me détruit totalement. Merci. Trop aimable».

Valentin a tout pris. Tout détruit. Il le savait bien. Il ne sème autour de lui que malheur et larmes. Tous ceux qu’il aime disparaissent dans un océan de tristesses. Valentin est néfaste, inutile.

Valentin a peur. Demain il sera de nouveau seul. Demain il sera mort. Peut-être…