Atmosphère étrange
C’est étrange. C’est dans le regard. C’est bizarre. C’est dans les gestes. C’est inhabituel. C’est dans l’atmosphère. Une sorte de douce chaleur humide et froide se répand dans la pièce et pénètre, imprègne lentement l’air enfermé dans la chambre de Valentin. Dehors c’est comme d’habitude. Une rue, des lampadaires allumés, des trottoirs imprégnés d’eau de la pluie de cet après-midi, le silence, rien ne bouge. Valentin a ouvert la fenêtre de sa chambre. Il se penche légèrement et respire l’air frais un peu pollué de la rue. Il hume cette odeur mélée de béton mouillé et de gaz d'échappements fatigués. Un frisson lui parcours le dos. Il fait un peu froid finalement. Il referme la fenêtre.
Il s’allonge sur son lit, fixant le plafond d’un regard vide. Il pense à Léa. A ce lit, à l’ambiance de sa chambre dont beaucoup disent que c’est un «nid d’amour». C’est vrai qu’en y réfléchissant bien la chambre de Valentin n’est pas vraiment repoussante, c’est plutôt un lieu on on aime passer ses heures. Valentin n’a pas voulu cette ambiance de «nid douillet», c’est juste son univers à lui. Pleins d’affiches sur tous les murs, des grandes affiches de films, des plus petites affiches, des cartes postales; les murs de la chambre de Valentin sont remplis à craquer. On ne peut plus rien ajouter. Tous ces visages sur les affiches sont ceux qui gardent ses rêves et ses nuits. Léa… En plus pour donner une ambiance plus chaleureuse, Valentin a préféré mettre une multitude de lampes aux murs plutôt qu’un plafonnier blanc et froid. Léa… Le lit de Valentin est bleu, tout bleu, les draps, la couette, les oreillers, tout est bleu sauf le drap du dessus qui est jaune méditerranée pour donner une touche de chaleur. Léa…
Valentin pense que peut-être samedi quand Léa viendra chez Valentin, ou peut-être plus tard, lui et Léa s’allongeront sur ce lit, ou sur celui de Léa. Ils s’allongeront tous les deux, l’un collé contre l’autre, dans un baiser désinteressé. Et la suite ne concernera qu’eux… Mais Valentin appréhende ce jour. Sera-t-il à la hauteur ? Comment ça va se passer ? Valentin y réfléchit sans cesse mais il ne veut pas que ce moment arrive, même s’il sait que ça doit arriver. Valentin à peur de l’inconnu, de ce qu’il ne sait pas faire, de ses maladresses, de ses erreurs possibles. Que faire de ce bout de latex froid pourtant inévitable ? Valentin à peur. D’en parler avec Léa, de savoir comment ça va se passer, d’acheter le bout de plastique, de l’utiliser… Valentin a peur de ce moment-là... Mais ce moment-là reste loin encore. Demain Valentin passe l’après-midi avec Léa… Peut-être que là... Non.
L’atmosphère devient plus chaude, plus familière, plus conviviale, plus propice à l’imagination… La chambre de Valentin est une sorte de caverne d’Ali Baba renfermant des milliers de trésors et dont le plus précieux est lui-même.