Les Chroniques de Valentin

J'ai tout perdu à trop t'attendre

J’aurais pu me l’avouer dès le début.
Mais j’ai attendu que tu grandisses.
Patiemment que tu mûrisses.
Comme si je te cultivais avec patience et amour.
Comme un fruit rare.
Qu’on chéris tout l’hiver.
En pensant à la floraison du printemps.

Et tu n’as pas fleuris.
Au première lueurs du soleil d’été.
Tu te cachais toujours dans tes bourgeons.
Les saisons passaient.
La neige succédant aux pollens.
Effleurant la surface de tes feuilles.
L’automne ne réussissait même pas à te colorer.

Tu semblais immobile dans le temps.
Tout se mouvait, mais pas toi.
Je t’observais, incrédule.
Et tu ne me parlais pas.

Pourtant j’étais attentif à toi.
Mais tu ne grandissais jamais.
Tu restais une enfant.
Refusant de parler aux plus grands.

Je n’ai jamais pensé que mes efforts étaient vains.
Quand le temps commença à marquer ses plis sur ma peau.
Tu resta impassible.

Aujourd’hui mon dernier souffle.
Se mêlera à la rosée du matin.
Et ne secouera aucune de tes brindilles.

Tu ne grandiras jamais.
Tu ne sera jamais mûre pour être cueillie.
Tu restera sans cesse impulsive et insouciante.
Tu ne pensera jamais à ceux qui pensent à toi.
Tu ne m’as même jamais regardé.

J’ai tout perdu à trop t’attendre.
Mon temps, mon amour, ma compassion, mon attention, ma vie.
À l’origine infinis, ils ont finit par s’amenuiser.
Comme l’eau finit par disparaître dans le sable.
Quand il pleut dans le désert.

Tu me survivra.
Mais tu ne vivra jamais.