The end (prologue)
« Ouais c’est pas comme si tu te foutais complètement de moi ! Ca fait des jours que je ne dors plus pour toi ! J’ai des cernes énormes sous les yeux ! Ton attitude est dégueulasse ! Après tout ce qu’on a vécu ! Tu me laisse tomber ! Mais pourquoi ? Pourquoi ? »
Silence. Sanglots. Sa voix hésite. Ses mots tremblent. Ses mains aussi. Elle est abattue. Ses yeux ressemblent à deux étoiles qui meurent au lointain. Le regard livide elle la fixe comme si elle était transparente.
« Je ne peux pas croire que tout ça arrive maintenant. Ça n’a aucun sens ! On avait tant de choses… A imaginer ensemble... »
Des larmes tombent, une à une, sur le carrelage de la salle de bain. Doucement. Comme une caresse. L’obscurité de la nuit enveloppe la pièce.
Elle s’effondre. Allongée par terre, elle ne bouge plus. Elle fixe la nuit à travers le vélux.
Dans la baignoire flottent à la surface de l’eau des vêtements et quelques lettres d’amour dont l’encre finit de s’effacer.
« C’est pas comme si ensemble on avait la force de changer le monde. Comme si on était plus fortes que tous. Tout ça était entre nos mains, malléable à merci. Rien ne pouvait nous résister. Dans ce monde en ruine tu est tout ce qu’il me reste ! »
Les paroles s’envolent et lui retombent dessus. Le froid du carrelage fait frémir sa nuque. Les larmes roulent comme des billes sur ses tempes.
Par le vélux entrouvert on entends l’ambiance du monde extérieur. Des cris, des pas qui résonnent, un brasero qui doit crépiter en bas de la rue, et un silence devenu habituel.
Paris, 2047, la guerre s’est arrêtée depuis quelques années déjà. Elle serre entre ses mains froides la tête de son amie qui ne bouge plus depuis déjà trois jours. Son corps est atrocement mutilé. La peau se décompose même sur ceux qui sont encore vivants. La leucémie les ronge et les achève.
The end, prologue, à suivre...