Les Chroniques de Valentin

Les géants en bois

C’est une vieille maison. Je ne sais plus vraiment où ça se situe. Mais elle a de vieux murs en pierre très beaux. De grandes cheminées imposantes. Le plafond est garni de poutres vernies. L’intérieur est très chaleureux. Nous sommes un certain nombre. Pas mal de gens que je connaît. Ambiance conviviale.

Et je sais pas vraiment comment mais on découvre une trappe en haut d’un mur. Et on l’ouvre. Elle est trop petite pour laisser passer qui que ce soit. Mais je peux bien voir à travers. De l’autre côté de la trappe on découvre un petit studio sous le toit, qui semble inhabité. Mais aucun de nous ne sais comment on peux bien y entrer. Il ne semble pas y avoir de porte ou d’escalier y menant.

Et quelques minutes après l’ouverture de la trappe, un bruit nous surprend. C’est comme des pas. Dans les cheminées. Et sors par l’entrebaillement de la cheminée devant moi un géant de bois. Ses pattes sont larges. Il est lent. Entièrement en bois, il semble pataud et inconscient de notre présence. Il marche à quatre pattes dans le salon comme si de rien n’était. Son bois est lisse, poncé, vernis. Il ressemble à un gigantesque mannequin de bois, comme ceux utilisés pour le dessin.

Son visage est recouvert de grands clous en acier.

Il règne dans la pièce un silence qui n’a d’égal que l’étrangeté du moment et la stupeur des personnes présentes. Je ne pourrais pas décrire le charisme si particulier que dégagaient les géants en bois. Nous étions captivés par leur présence et leurs mouvements. Leur corps si imposant aurait pu réduire en bouillie plusieurs d’entre nous d’un seul coup de patte. Mais dans le silence le plus absolu les géants ne faisaient que se promener parmis nous. Il régnait quelque chose de grand et de majestueux devant nous et nous étions incapable de le décrire. Et aujourd’hui encore mes mots sont bien en deça du souvenir que j’ai de cette rencontre improbable.

Les géants de bois et au visage de clous semblaient souffrir en silence. Cherchant quelqu’un qui puisse les réconforter. Mais nous étions figés.

Les géants sont repartis. Et mes yeux se sont rouverts sur un soleil de mars, timide et froid. Le matin faisait fuir la nuit et effaçait peu à peu les traces de ce rêve.