Arrosé
J’ai pris mon arrosoir
J’y ai mis mes larmes
J’ai tout déversé
Sur la rosée
Au matin
Comme tous mes matins
Ceux qui sentent le chagrin
Ou tout semble vain
Je n’ai fait qu’arroser
L’herbe colorée
De rouge violacé
De larmes asséchées
Les fleurs n’ont fait
Que faner et pourir
Le noisetier s’est gondolé
Le cerisier s’est mis à fleurir
Pour finalement tomber
Sur un pommier peu épais
Au matin
Comme aucun matin
Ceux qui sentent le grain
De la folie et du vin
Je n’ai fait qu’arroser
De mon arrosoir percé
Quelques arbres fruitiers
Et herbes volées
C’est la pluie qui m’arrose
De son eau trop fine
Qui nourrit les roses
Et acère leurs épines
C’est la pluie qui m’acide
Et le vent acariatre
Qui veux que je m’oxyde
Ils n’attendent que de m’abattre
Arroseur arrosé
Je suis fragile comme la rosée
Mais allez détruisez
Je vous saurais gré
De ne pas abuser
Et de vous dépêcher
Et de très vite écourter
Ma souffrance…