Les Chroniques de Valentin

Le coeur fraise tagada

Mon carnet intime est vide. Mon journal est vide. Ma tête est vide. Douce mélancolie qui traverse ces quelques instants de vie. Je suis dans le flou, j’aime mais je suis froid. J’ai trop peur de blesser et souffrir. Sempiternel recommencement. Tout tourne en boucle. Tout se retourne et se détourne. Cerveau en guimauve. Mes neurones sont des chamallows fondus. Mon coeur est une fraise tagada en décrépitude. Je suis un bonbon fade et périmé. Je n’ai plus vraiment de goût et je suis sec et dur. Pas très appétissant.

Efface et rembobine. Change ton esprit. Acère tes crocs et bouffe la vie. Prends ta guitare sous ton bras et part barouder dans la première direction venue. Ou ton piano. Ah nan le piano c’est trop lourd. Alors un harmonica. C’est bien ça, un harmonica. Et puis chante, chante donc, petite voix décrêpie, chante que la vie est belle et que tu veux y croire, encore, une nouvelle fois. Recommencer comme avant. Ou pas comme avant. Le monde est au tapis. Explose ou implose. Mais choisis, nom de dieu, choisis !

C’est lancinant, ça te prends quelque part dans le bas du ventre, ça te dresse les cheveux sur la tête, ça t’hérisse la chair de poulpe et plouf plus rien. C’est une histoire de rien qui vaux beaucoup. Et puis ya tout ce qui te fait frémir dans les jambes. Tout ce qui t’hérisse le pénis. Le sexe comme une banane haribo. C’est sucré et sensuel, ça attire. Tu veux pas que ça s’arrête. T’est en plein milieu de la plus grande orgie de sucre que tu pourrais te payer. Et pouf t’en veux plus. Peut-être qu’il te faut juste une pause pour digérer un peu et reprendre la goinffrerie. Mais là tu sais pas trop. Incertitude de gamin. Demain c’est si loin.

Alors tu reprends ton coeur fraise tagada sous ton bras, ton sexe banane haribo et ton cerveau chamallow, et tu chante des chansons d’amour comme si tu savais pas ce que c’est. Comme si tu voulais réveiller le tigre que t’as en toi, celui que ton père mettait dans son moteur avant. Parler comme une pub et espérer que demain sera aussi beau et éphémère que les vingt années que t’as déjà vécu c’est un peu utopique. Mais t’y crois dur comme fer, tu t’y accroche comme à un lampadaire les nuits ou ça chavire. Ya quelque chose dans l’air, coincé entre la pollution et les pollens d’OGM, c’est l’espoir de jours meilleurs. Ou ton cerveau chamallow sera plus vide. Ou ton coeur fraise tagada sera de nouveau tendre et mordant comme dans les beaux jours. Ou ton sexe banane haribo te donnera envie de croquer la vie à pleine dents. Et tant pis si ça saigne. Quand on croque, on croque. Puis on craque.