Les Chroniques de Valentin

Avalanche

Tout clignote dans ma tête comme des guirlandes de noël ça sonne et remonte dans tous les sens j’ai froid comme si on m’avait entouré sous la neige peux-tu encore ressentir mes doigts sur ta nuque avant que je m’étrangle que je m’étouffe sous la crème glacée froide et insensible et toujours froide et toujours froide et toujours et toujours plus rapide et puis ça accélère encore quelques accords de guitare dans le ventre c’est tout ce qu’il faut mon cordon ombilical gelé dans la glace je survis par le froid je survis ? faudra me raconter comment on creuse son trou comment on progresse dans son tunnel comment on avance dans le noir quand on est aveuglé comment tu peux dire non comment tu peux crier encore crier encore crier encore encore crier crier crier crier jusqu’à CRIER ! jusqu’à ne plus avoir de voix jusqu’à ce que tout clignote dans ma tête comme des guirlandes de noël jusqu’à ce que ça sonne et que ça fasse vomir tout à l’intérieur de soi tout dégueulasser cet intérieur trop propre trop beau trop trop trop toujours trop on veux toujours trop aller plus loin loin pleurer avoir peur souffrir vite vite et puis rêver aimer mourir vite vite vite sans virgule point virgule point exclamation question suspension tout vite va très vite vite oui vite comme quand t’étais gamine tu glissais dans ta luge sur la neige trop vite vite jusqu’à chavirer oublier de quel bord tu est tu est froide comme cette neige qui me glace les intestins toujours plus froid toujours laisse moi laisse moi écrire ce moment répété encore une fois je le savais c’est arrivé je suis sous la neige bien au fond personne ne peut me voir réalise un peu ces cloches qui sonnent au loin ne sont pas cette foutue église que j’aurais dû brûler ne sont pas le vieux rouge barbu décharné qui vends des cadeaux au supermarché ne sont pas les sirênes du paradis qui n’existe pas ne sont pas les pas d’un ange qui n’est jamais mort ne sont pas les pieds de satan qui m’attends pour mourir ne sont pas ce que tu crois ne sont que ma vision qui se brouille dans l’obscurité que mon corps qui se raidit que mes oreilles qui sont sourdes que mes doigts qui se craquèlent que mon coeur qui gèle que mon esprit qui divague que mes poumons qui s’arrêtent que que que je suis seul sous la neige que je m’étouffe de tes beaux flocons que je crève sous tes bottes que ton coeur a beau faire le bruit d’une contrebasse de jazz que tu n’en demeure pas le plus glacial des iceberg qui me soit rentré dedans que le xylophone peut fermer sa gueule que la guitare et ses accords peuvent bien aller s’exploser les cordes ailleurs parce que le chanteur est mort sous l’avalanche que tu as provoquée. Foutu temps d’hiver en plein moi d’août, foutu temps… On m’avait bien dit de pas aller à la montagne en été…