Je suis le rédacteur en chef de ma propre vie. Drôle d’impression. De quoi déstabiliser un peu. Y’a les pigistes qui en veulent toujours plus, la maquette qui tient pas, l’imprimerie qui m’insulte… Et puis le courrier des lecteurs. Des lettres jusqu’à plus soif. De quoi se noyer depuis le temps que ça s’accumule sur mon bureau de rédac’chef. Faut répondre, lire, ou vice-versa, je sais plus trop. Faut sélectionner ce qu’on va publier. Censurer. Se méfier de ceux qui veulent à tout prix figurer dans le journal. Ils ont beau faire les yeux doux il faut rester intransigeant. Il faut savoir être ferme et tendre à la fois. Dur métier. Et puis y’a les annonceurs au téléphone qui veulent toujours plus de place dans le journal mais faut les calmer, de toutes façons on mettra jamais de pubs, on tourne très bien comme ça, on vois mal l’intérêt qu’il y a à servir les intérêts de quelques vieux grippe-sous en manque de reconnaissance publique.

Un journal c’est du boulot ouais, un vrai boulot de rédac’chef.