Y’a des trucs bizarres dans ma tête. Des espèces de turbines qui tournent. Et en général ça fait quoi une turbine ? Et ben ça turbine. Alors dans ma tête ça turbine dans tous les sens. Et voilà que ça tourne, retourne, frotte, bouge, se cogne partout et dans tous les sens. Et puis ça remonte et ça redescends sur fond de rythmiques déshumanisées. Y’a les basses qui tapent et les aigus qui tranchent. Tout ça, ça fait mal. Ca saigne de l’intérieur. Y’a une guerre dans ma tête. Un truc bien gore. Quelque chose de pas très sain. Faut que ça se castagne et que ça s’étripe. Faut que y’ait du sang des tripes et des larmes. Faut que ça pète. C’est l’orage. Et l’orage devient tempête et tempête devient cyclone et ça rase tout et ça souffle comme dans un four. Ya le carnage et qui passe et tout qui trépasse. Derrière lui c’est assez gris le paysage. Pas vraiment joyeux. Pas de quoi rêver de jours meilleurs. D’une vie bien rangée. Marié. Famille. Gamins. Voiture. Maison de banlieue. Un rêve inaccessible. Mais ce n’est pas le mien. Et ça turbine. Et ça remonte comme la nausée. Je sens que ça va sortir mais je sais pas quand. Un envie d’éternuer. Quelque chose de plutôt sain au final. Mon organisme se soigne tout seul, il détruit et expulse ce qui le tue. Sauf que ce qui le tue est plus fort. Omniprésent. C’est dans l’air que je respire. Dans l’eau que je bois. Dans la bouffe que j’avale. Dans ce qu’on me fait penser et dire. Dans ce qu’on me fait voir et lire. Tout est pourri. Ca se désagrège. Et ça pue le cadavre bouffé par les vers. Ca donne l’eau à la bouche. Y’a de quoi jubiler. Tout part en cendres. Et les cendres c’est bon, ça a le goût de la mort. De quoi faire revivre le semblant d’humanité qu’on a peut-être en nous. Mais au fond ça sert à rien d’y croire, on sait tous que l’espoir c’est un truc dépassé. Le mot d’ordre est à l’apocalypse. Et ça turbine dans tous les cerveaux. On est tous impuissants. On est les esclaves de notre passivité. Juste un peu trop cons pour lever le petit doigt contre ceux qui nous oppressent. La vie est étrange. Mais le truc c’est qu’on sais déjà plus ce que c’est la vie. Y’a encore des gamins assez cons pour mourir d’amour. Et ceux qui ne pensent même pas à ceux qui n’en ont pas, n’en ont jamais eu et n’en auront jamais. Tous des égoïstes. On laisse crever nos amis. Parce que ça nous arrange. Et puis ami c’est quoi d’abord. Tout ce qui compte c’est notre bonheur. Et crève charogne crève et crève et crève ça fera moins d’allocations à payer. Et puis crève gamin crève gamin crève oui crève dépêche toi crève t’as vu ton avenir t’en as pas tes parents te l’ont volé t’est condamné alors crève gamin crève oui crève gamin t’as jamais su ce qu’était l’enfance de toutes manières on t’as dit qu’on voulait ton bien alors on t’as donné des beaux jouets et plastique pétrolisé et un ordinateur et de quoi t’épanouir et de quoi oublier que t’as pas d’avenir que tes parents te le volent ils s’en foutent de toi ils t’ont pas eu pour que tu sois heureux mais pour qu’eux soient heureux alors crève gamin oui crève gamin crève bouffe la vie bouffe les autres t’as rien demandé à personne venge toi y’a plus qu’à bouffer avant de te faire bouffer tue-les avant qu’ils te tuent parce que tu va crever gamin oui tu va t’as vu tes parents ton avenir y’en a pas consommation télévision révisions et puis aliénation aliénation aliénation toujours le même refrain demain changera tu verra et tu vois bien que rien ne change alors ça turbine ça turbine ouais ça tourne et ça retourne et ça vomit des mots dans ta tête tu réfléchit à 200 à l’heure et tu vois qu’on t’as volé ton futur alors tu pense scolarisation informations aliénation et capillaire de lotion alors tu pense que tu peux changer les choses et tu crois bien faire alors tu pense manifestation révolution décapitation et tu te prends la réponse dans la gueule légalisation aliénation prison et puis de toutes manières un suicidé de plus en moins ou de moins en plus ou qu’est-ce que ça peut leur faire alors tu lis tu t’élève tu te crois plus intelligent tu pense population éliminiation extermination des classes inférieures alors tu pense que tu ne pense pas et tu pense à ta manière de penser si c’est la bonne manière de penser alors tu pense philosophie arménie survie et tu t’étouffe dans tes bouquins gamins t’apprendra rien là dedans tu le sais tout ce que tu sais c’est que tu va crever alors crève gamin crève oui crève gamin crève et puis personne te regrettera.

Oui je sais tu voulais être astronaute mais ya tes parents ils t’ont dit quand tu sera mort mon chéri parce que personne il est astronaute parce que personne il s’élève juste tout le monde il s’écrase au fond et tu remonte pas nan tu remonte pas tu te bouffe avec les autres pour survivre et c’est tout alors crève gamin oui crève gamin crève bouffe les pissenlits par la racine et explore le ciel depuis ton trou noir peut-être que ça sera plus beau que la vie la vraie auchan.