Les Chroniques de Valentin

Je n'ai fait que briser les mots

Je n’ai fait que briser les mots.
Les laisser inanimés sur le sol froid
De quoi pleurer tellement ça en est triste
Tous ces mots déchirés en petits morceaux
Sur le carrelage froid de la salle de bain
Juste entre les gouttes de sang séché
Que tes veines avaient laissées
Il y a déjà quelques années
Tout ça est pathétique
Tu n’a jamais réussi à mourir
Je n’ai jamais réussi à fuir
Je ne sais même plus pourquoi
J’ai froissé tant de feuilles
Et brûlé tant de cahiers

Je n’ai fait que briser les mots
Comme on brise un homme
Insidieusement
Je suis celui qui guette dans l’ombre
Sa prochaine victime
De quoi faire saigner une nouvelle fois
Ce stylo déjà asséché depuis les années
Depuis que la vie s’est arrêtée
Depuis que notre vie est ordinaire
Qu’on a voulu devenir normaux
On est monsieur tout le monde
Et puis la terre est ronde
Et on a perdu notre âme
On a délaissé notre humanité

Je n’ai fait que briser les mots
Je n’attends que toi pour les détruire
Pour mieux nous reconstruire.