Les Chroniques de Valentin

Piège à rêves

Je suis un piège à rêves. Je vous subtilise vos rêves pendant votre sommeil. Je ne laisse que le néant. Je suis l’ombre. Je vous vide. Je suis le trou noir.

-Les yeux rivés sur cette feuille,
J’attends que l’encre enfin s'écoule,
Bien installé dans mon fauteuil,
J’attends que ce grand mur s'écroule.
-Tout va très vite dans ma tête,
Des idées naissent et puis s’en vont,
Je les bannis de la recette,
De cette future chanson.
-Rapidement, je fais le tour,
Des sujets qui se font trop rares,
La vie, la mort, la nuit, le jour,
Tout ça c’est fait, on en a marre.
-Je déteste la sensation,
De ces mots qui ne viennent pas,
Quand s'épuise l’inspiration,
Le blanc du papier semble froid...
-Et je ne peux qu’attendre encore,
Craignant que ça n’arrive plus.
Et si les mots étaient tous morts ?
Si les phrases avaient disparu...
-J’observe tout autour de moi,
Et rien ne vient à mon secours
Ai-je déjà tout dit, tu crois ?
Ou dois-je patienter toujours ?
-Des jeux de mots et des images,
J’en avais plein, mais où sont-ils ?
J’aurais dû construire une cage
Pour qu’ils se tiennent bien tranquille.
-Mais qu’ai-je donc fait de ces proses,
D’où sont-elles venues naguère ?
D’un état d'âme je suppose,
D’une clandestine prière.
Submergé par des idées noires
Le monde m’inspire le pire
Je ne veux plus faire d’histoires
Qui sont vidées de tout sourire
- ll n’y a toujours rien qui vient,
Ma main droite ne bouge plus,
Paralysant couplets, refrains,
Rimes et poèmes inconnus…

-Des pages gribouillées de larmes
C’est tout ce dont je suis capable
Des sonnets qui tournent au drame
Ou bien de douloureuses fables
Je dois sortir de ce décor
Mais je m’y trouve emprisonné
Des murs de lugubres accords
M’empèchent de m’en échapper.

-Alors je m’assois au piano,
Pour dégourdir un peu mes mains
Mais quand je reprends le stylo,
De nouveau le mal revient.
-Docteur, y a t’il un remède ?
Une potion ou un miracle ?
Il faut vraiment que quelqu’un m’aide
A me sortir de la débâcle
-Comment puis-je être tête en l’air
Au point d'égarer ma passion ?
Celle qui me maintient sur terre,
J’ai perdu mon inspiration…

(Pièges à rêves, "Sans-titre", Texte : Julien)