Les Chroniques de Valentin

Nuits d'ivresse (3)

Elle s’appellait Léa. Justement j’avais le même prénom. C’était l’époque où je m’appellais encore Léa. Après j’ai changé. On change tous. Moi j’avais déjà changé de prénom deux fois.

Elle était ambre, un peu comme le ciel d’hiver qu’on admirait toutes les deux à Oslo l’été en vacances. C’est marrant mais rien ne nous gênait. Rien ne pouvait nous arrêter. On n’avait pas peur de se montrer au grand jour. On s’en foutait. Rien d’autre ne comptait que nous deux. On était jeunes et rien ne nous aurait empêché de faire ce que nous voulions.

Un jour, elle a refusé les avances d’un connard de macho. C’était pas vraiment inhabituel pour elle. Je n’ai jamais vu de corps de femme aussi plaisant au regard. Les hommes elle les portait en horreur. Trop brusques, stupides, irresponsables, prévisibles, vicieux et malsains selon elle. Mais personne n’aurait pu prévoir que celui-là serait le dernier qu’elle pourrait voir. Il a commencé à l’insulter de plus en plus fort. Je suis arrivée. Il l’a traitée de sale pute. J’ai commencé à la défendre tout en voulant partir. Mais il l’a retenue par le bras, en essayant de le faire lâcher prise il m’a envoyée valsé contre le mur. A partir de là c’est le noir complet.

Quand je me suis réveillée à l’hôpital le monde s’était écroulé autour de moi pendant mon sommeil. Deux jours et tout avait basculé. Le connard après m’avoir laissée sonnée par terre, a tabassé Léa pour qu’elle accepte de coucher avec lui. Finalement, refusant toujours, il n’a plus attendu son accord. Le jour suivant, Léa sautait sous le premier TGV de nuit.

Quelques mots que j’avais écrit à chaud.

La nuit s’effondre autour de moi
Tout part en lambeaux
Poussière et cendres
Virevoltent ensemble
Pour mieux m’entourer
De brume épaisse
Infranchissable
Je suis perdue dans la brume
Et le phare est en panne
Toujours en panne…