Les Chroniques de Valentin

Nuits d'ivresse (1)

Souvent la nuit, quand je dors à côté d’elles, je me réveille plusieurs fois et je contemple silencieusement leur corps dans l’obscurité latente. Toutes ces femmes avec qui je partage une nuit ou parfois plus, je ne comprends toujours pas comment c’est possible. Comment peuvent-elles me dire que je suis belle, qu’elles m’aiment ? Moi que les autres fuyaient au lycée, moi dont les autres se moquaient au collège… Je ne me suis jamais trouvé belle. J’ai parfois du mal à me regarder dans un miroir. Et ces nuits, si belles, si chaleureuses, que je partage avec elles, je me demande comment ces belles courbes qui ronronnent là tout prêt de moi peuvent être là à côté de mon corps maigre et blanchâtre. Je ne sais pas pourquoi j’ai cette chance. Comment c’est possible. Je suis juste réjouie que ça le soit et j’en profite tant que c’est possible, avant que je ne redevienne peut-être; un jour, la mal-aimée.

A travers les draps
Tes formes prononcées
Etaient autant de monts
Que je brûlais d’explorer

La vie est un très long rêve éveillé. Ne jamais se réveiller. Ne jamais se réveiller. Le réveil c’est le vide, le néant, la mort. Ne jamais se réveiller. Je ne veux jamais me réveiller.