Les Chroniques de Valentin

Une chanson

Une petite chanson
Avec un grand C
Et des p’tits chaussons
Pour aller danser
Sur les ponts de Cé
Et d’Avignon
Où j’ai poussé
L'échanson
Pour appâter
L'âme du son
J’ai balancé
Ma chanson
Pour épater
Les poissons
(J’ai jeté
Au bouillon
Des mots griffonnés
Au brouillon)

J’vous ai froissé
J’vous d’mande pardon
J’ai pas repassé
Ma leçon
J’vous ai froissé
J’vous d’mande pardon

Une petite chanson
Pour enlacer
(ma) madelon
Sous la pluie d'été
Un échantillon
D'éternité
Un frisson
Pour s’embrasser
Un air dépoli
Un joli tesson
Que la mer a ravi
Et qu’on garde au fond
De nos poches
Pour la vie

J’vous ai froissé
J’vous d’mande pardon
J’ai pas repassé
Ma leçon
J’vous ai froissé
J’vous d’mande pardon

Un air bien senti
Avec ses grandes orgues
Pleines de barbarie
Qui de toute sa morgue
Au nom de la patrie
Du sang et des ordres
T’envoie au tapis

J’vous ai froissé
J’vous d’mande pardon
J’ai pas repassé
Ma leçon
J’vous ai froissé
J’vous d’mande pardon

Une chanson
Qui gagne sa vie
En f’sant le tapin
Après minuit
Une infusion
D’insomnie
Comm’un’galette
De monsieur Waits
Fourrée avec
Des rimes en reste
Pleines de Whisky
Des mots sans veste
Qui sortent la nuit
Courir la gueuze
Et reviennent gris
Comme des vareuses

J’vous ai froissé
J’vous d’mande pardon
J’ai pas repassé
Ma leçon
J’vous ai froissé
J’vous d’mande pardon

J’vous ai froissé
J’vous d’mande pardon
J’ai pas repassé
Ma chanson
J’vous ai froissé
J’vous d’mande pardon

(La Tordue, Champ Libre, 2002)

Conseil du jour : écouter tous les merveilleux albums de La Tordue.