Lettre d'adieu
Cher (Inscris ici ton prénom),
Cette lettre est un peu un constat d'échec. En fait, même pas un peu, c’est un constat d'échec. Ma mort est un fait. C’est l’illustration de mon échec. Je n’ai pas réussi à vivre. Y’en a ils n’arrivent pas à avoir un examen. Moi je ne suis pas arrivé à trouver de l’intérêt dans la vie. Je n’ai pas de problème particulier. Je ne suis pas dans une situation désespérée. Je n’ai tout simplement aucun goût à la vie. Elle n’a pas de saveur pour moi. Peut-être en a-t-elle eu un jour, mais alors je l’ai délibérement oublié. Imagine que tout ait le même goût, c’est à dire aucun, que ça soit un gâteau aux fraises ou de la salade, quel intérêt à vouloir manger l’un ou l’autre ? Ca revient au même. La différence n’existe plus, et donc la richesse et l’intérêt qu’elle apportait à l’une et l’autre denrée. La vie pour moi c’est un peu ça. Pas d’intérêt, pas de richesse, pas de joie, ni de tristesse. C’est neutre. La neutralité c’est nul. Ca ne sert à rien. C’est chiant. La vie pour moi et depuis de nombreuses années n’est qu’un ennui permanent, l'éternelle attente qu’il se passe quelque chose. Oui, quelque chose, mais quoi ? Je ne sais même pas. L’amour ? C’est de la connerie. Je m’en fout. Ca ne me fait rien. Le sexe ? C’est au moins aussi plaisant pour moi que de manger du choux-fleur. Des passions ? Elles sont toutes devenues aussi ennuyantes les unes que les autres. La vie est un long fleuve tranquille, beaucoup trop tranquille, morne, inutile. Je ne suis pas triste. Je ne souffre pas. Ce n’est la faute de personne. Ni de moi. C’est juste un constat : la vie ne me sert à rien. Je passe le temps, je m’ennuie. Ca fait des années que plus aucun sourire ne s’est retrouvé sur ma bouche. Tu sais, les pères de famille qui à trente ans se pendent, je commence à comprendre. Tout ça c’est du gâchis. La vie est un immense gâchis. En tout cas la mienne. C’est pas la peine de pleurer tu sais, ni te de demander pourquoi, je viens de t’expliquer pourquoi. Ca ne sert à rien de pleurer. La mort fait partie de la vie. La vie n’est pas triste. La mort non plus. C’est juste que tu laisse ta place à quelqu’un d’autre. T’as fait ta route. T’est arrivé au bout. Dead End. Un autre va commencer sa route à ma place. Mais moi c’est finit. Plus de carburant. Vide. Asséché. L’avenir est tout aussi reluisant. J’ai bien fait de pas faire d’enfants. Je m’en serais voulu de leur laisser une vie comme ça. Y’a des routes qui font des zigue-zagues. Moi la mienne était toute droite. Et là ma route est finie depuis plusieurs années je patauge dans le vide. Je vis dans le néant. Aller, sans rancune, oublie pas que toi tu peux encore bifurquer. Que tu peux continuer à pied. Que t’est pas obligé de suivre ta route. Que ton destin n’appartient qu'à toi. Mais pour moi, c’est trop tard, beaucoup trop tard. C’est finit, il est temps de faire le trop classique adieu. Ma route est terminée. Dead End.
(Nota : Thanks for many mails, but, please don’t annoy me about this text ! Remind you it’s fiction, not truth. Death is never a solution. Just another problem. Life is precious. Thanks.)