Les Chroniques de Valentin

Une question d'éducation

Quand on est bébé, on ne parle pas encore.
Quand on commence à parler, on nous apprends à faire le silence.
Quand on commence à crier, on nous fait taire.

On nous apprends à être sages, ne pas faire de bêtises, respecter les grandes personnes, leur autorité...
On nous apprends à être propre, à ne pas toucher son sexe en public, à manger avec des couverts…

Y’a les grands. Les parents, les maîtres, maîtresses, nourrice, profs… Toutes ces figures d’autorité qu’on doit respecter mais qu’on défie toujours. On apprends à en avoir peur, à les croire plus puissants. Plus tard, ces figures d’autorité seront remplacées par l’Etat, la police, les patrons, ceux qui ont du pouvoir.

Y’a les règles. Être sage. Ne pas dire de choses méchantes. Ne pas frapper les autres. Respecter les grands. Se taire. Faire ses devoirs. On nous remplit de règles, d’obligations, de conseils. Y’a les tabous. Les trucs dont on doit pas parler. Alors on en parle pas. On reste bien sage. On ne dit pas de choses méchantes. On respecte les grands.

Et puis un jour, y’a un truc qui explose dedans. Et tu finit par détruire tout ça. Réaliser que ni les grands, ni l’Etat, ni la police ni autre autorité n’a, justement, de pouvoir. Aucun pouvoir, aucune autorité. Tu comprends que t’est libre. Que t’est le seul à contrôler ta vie. Que c’est pas ton patron, c’est pas l’Etat, c’est pas les flics, c’est pas les impôts, c’est pas ton mari, ta femme ni tes amis. C’est toi. Tous ceux qui veulent avoir du pouvoir sur toi ne sont que des imposteurs. Tu peux les dépasser. Les éviter. Passer à côté, à travers, dessous. Tu est plus fort. Car c’est ta vie. C’est ton choix. Tu es libre. Et rien ni personne ne pourra te bouffer cette liberté. Personne.

Je suis libre. Je respecte pas les grands. Je ne suis pas sage. Et je ne veux pas le devenir. Je suis consciemment dissident.

On m’a appris à parler, on m’a appris à écrire, on m’as appris à écouter, à respecter les règles… J’ai tout détruit. Je me suis reconstruit. Je me suis réappris à parler, à écrire, écouter…

Je suis libre, et vous ne pourrez rien y changer. La liberté c’est comme un virus, ça se transmet. Et y’a pas d’antidote. Le vieux monde est mort, je l’ai détruit.