Les Chroniques de Valentin

Silent tears.

Silent tears are made by crystal pain.

Il est parfois difficile d’appréhender les gens. Il y a des personnes qui m’apparaissent comme transparentes, leur malaise, leur bonheur, leur souffrance, transpirent à travers d’eux, dans leur regard, leur attitude, leurs mots. Ces gens-là sont des livres ouverts pour moi, même s’il m’arrive de me tromper à leur sujet bien heureusement, et ce sont curieusement la plupart du temps des gens qui essayent de cacher leurs sentiments, de ne pas montrer leur souffrance, qui sont le plus transparents. Parce qu’ils envoient plus ou moins inconsciemment des signaux de détresse, difficiles à déceler. Par contre il existe des personnes qui sont des énigmes. Et les paroles avec eux deviennent des puzzles. Les personnes deviennent des énigmes. Elles se bloquent sur des éléments qui les font souffrir et ne peuvent me révéler par manque de confiance. Et je suis incapable de déceler quoi que ce soit. La communication électronique est un fardeau à ce moment-là. Impossible de comprendre par un regard, une attitude, un geste. On n’a que ce que la personne veux nous dire.

Je discutais avec Léa hier soir et elle me parlait de son désarroi face à certaines personnes, elle leur donnait beaucoup d’amour, mais a l’impression qu’il n’est pas reçu, compris. Je n’ai pas vraiment le même sentiment. J’ai l’impression d’avoir beaucoup d’amour à donner, et je ne fait que chercher une personne qui puisse le recevoir et m’en donner en retour, et me donner une présence, une assurance dans ma vie, contre la solitude, ou plutôt contre le mal-être. J’essaye d’avancer et j’avance mais je suis seul. Je suis moins seul. Beaucoup moins seul qu’il y a quelques temps. Je commence à réussir à me construire un réseau d’amis envers lesquels j’ai confiance, avec lesquels j’assume mon amour pour eux, avec qui je développe des relations de parole, de confiance, d’ouverture, de tolérance. Mais il me manque toujours quelque chose. Je me pose des questions. Et si je faisais mieux de me remettre en couple ? Accepter l’exclusivité ? Non, je ne pourrais pas. Mais mon choix de vivre en non-exclusivité est un choix difficile. En dehors de certains milieux sociaux, trouver des personnes qui accepteraient de vivre une relation de non-exclusivité avec moi, est une véritable gageure. C’est très difficile. Alors que pendant des années j’ai été seul par timidité, je sens que désormais j’aurais la capacité de nouer des relations de couple assez facilement, ce ne sont pas les occasions qui manquent, mais ce n’est plus mon désir. Donc je me retrouve plus ou moins seul, en plus dans une phase où j’ai besoin de me ré-approprier et re-créer mes désirs. Je n’aime plus le sexe. Ca fait déjà quelques mois. Oh c’est agréable, j’adore donner du plaisir à l’autre. Mais ça ne m’intéresse plus. A moi ça ne m’apporte plus rien, à part le plaisir de donner du plaisir à l’autre (d’accord ce n’est pas négligeable). Bref alors que le sexe était pendant longtemps une finalité, quelque chose d’important, ça devient quelque chose qui ne m’intéresse plus. Ca crée une sorte de vide. Un manque de désir général. L’impression que tout est fade quand je pense à ça. Pourtant ça n’est pas le cas, il y a des tonnes de choses qui me plaisent et dans lesquelles je prends du plaisir. Mais il me manque du temps et des personnes avec qui partager ces activités. Les deux sont intimement liés.

Tout cela est complexe. Je suis tombé amoureux fou de Léa. Je pense trop souvent à elle. Je manque de tendresse, de présence. Je me demande si mon amour pour elle n’est pas juste une déportation de ce manque. Je ne suis pas jaloux. Je sens que j’ai progressé dans mon esprit, dans mes démarches. Quand j’ai vu son copain je ne me suis pas senti jaloux. Quand elle m’en parle je ne me sens pas jaloux. Ca ne me fait pas souffrir comme ça aurait pu me le faire avant. Ca avance dans ma tête je le sens. Je sais que Léa y a été pour beaucoup là-dedans. Que je la considère comme une de mes amoureuses et qu’en plus elle ait déjà une 20aine d’amoureux m’a forcé à me remettre en question dans mes idées de possessivité. Parce que certains de ses amoureux je les connaît, ce sont des gens que j’apprécie, avec qui j’ai partagé des choses. J’ai finalement accepté de ne pas être jaloux et j’ai appris à profiter de ce qu’elle m’offrait plutôt que de désirer plus.

La différence entre maintenant et il y a un an c’est que je veux avancer, et que je fait tout pour que ça avance. Je ne me morfonds plus sur mon sort en pensant que tout est injuste. Je bouge. Je me transforme. Je me sens mieux. Mais je sais que ça ne sera jamais terminé. Que je me crée un nouvel équilibre. Je me pose des questions, j’essaye de m’entourer de personnes pour combler mon manque de présence et de tendresse. J’essaye de construire des relations de confiance. J’essaye de changer. De comprendre. Je ne sais pas si je vais réussir. Il est possible que je me trompe. Mais en tout cas j’essaye, c’est le plus important pour le moment.

Je pense encore à Léa. Je me sens coupable d’y penser aussi souvent. Je me vois comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, j’ai peur de tout briser. Mais je l’aime.