Les Chroniques de Valentin

Ça fait des années que j'écris des lettres à personne

Oui, depuis le temps que j’écris ces chroniques, je dois avouer que je me rends compte petit à petit que la plupart sont des lettres. Des lettres que je n’ose pas adresser directement aux personnes concernées. Alors je les écris ici. Parce qu’on me prendrait pour un fou, un névrosé, ou pire, un poète, un vieil ado attardé, un gothique, un "emo" qui ne sait pas qu’il est has-been. Parfois un de ces destinataires fantôme parvient ici, se reconnaît dans tous les textes, sauf ceux qui le concerne. Soit c’est un problème d’égo dudit fantôme, soit c’est moi qui ne suis pas suffisamment clair, soit je ne fais que raconter la même chose, en boucle, avec quelques variations, tout en me croyant si génial, alors qu’en fait je ressasse sans cesse la même ritournelle sans intérêt.

Une chose me frappe toujours, quand je relis certains de ces textes, c’est qu’à les relire l’émotion du moment l’écriture est toujours présente, aussi forte et intense. C’est comme un flashback. Sauf que c’est juste émotionnel. Ou alors je suis vraiment une lopette, un pauvre sensible qui pleurniche à la moindre occasion. C’est aussi une possibilité. Mais quand même. Et si j’avais inventé la machine à remonter les émotions ?

Je pourrais faire fortune ! Imaginez, inscrit en lettres d’or, une enseigne de boutique annonçant "Machine à remonter les émotions : revivez la mort de votre grand-mère, l’écrasement de votre chat, votre première rupture, etc.". Oui bon d’accord énoncé comme ça, ça semble pas si attrayant que ça. Mais avec un coup de peinture, une bonne catchphrase bien catchy, des néons qui clignotent et un plan marketing béton ça le fait non ?

Non ?

Bon, tant pis.