Les Chroniques de Valentin

Je n'aurai jamais 40 annuités

Peu importe la manière dont je peux tourner et retourner la question dans ma tête, une évidence s’est dessinée très rapidement. Je n’aurai jamais 40 annuités. Ni à 60 ans, ni à 67, ni même à 80.

Je ne serai jamais un retraité bénéficiant des générosités du système à répartition.

Comme des millions d’autres, je ne travaillerais pas 40 ans de suite à temps plein. J’alternerai périodes de travail, de chômage indemnisé, de voyages et de repos.

Non seulement car j’y suis forcé par la société qui me pousse à être en concurrence avec d’autres employeurs et d’autres employés, mais aussi simplement car la vie ne se résume pas à produire pour d’autres.

De la maternelle aux grandes écoles, l’éducation nous inculque le devoir de travailler, plus, mieux, et plus intensément, pour être meilleurs. On nous donne des devoirs. On nous fait lever tôt. Les enfants sont comme des zombies de petite taille, croulants sous le poids des livres dont ils ne liront même pas le dixième. On attends de nous de faire de longues études, pour avoir un "bon" métier. En fait on nous fait travailler dans l’unique but de travailler ensuite.

Travailler dans le but de travailler. Fallait oser. Et soyons honnêtes, la plupart d’entre nous n’ont pas terminé médecin, vétérinaire ou pharmacien. Non, nous sommes maçons, plaquistes, plombiers, secrétaires, assistants, ou au mieux… professeur. A trente ans on est déjà fatigués de notre métier. On a mal au dos, parfois en dépression. Certains abandonnent tout du jour au lendemain. Ceux qui ont du courage. Les autres se résignent et attendent la fin.

Si tu fais le calcul tu te rends vite compte que ça te sert à rien de travailler 40 ans à temps plein. Si t’arrive à cumuler tout ça, t’aura gagné quoi ? Rien. Une misère. Une exclusion de la société. On te foutras dans la case des vieux. Et on attendra que tu crèves. T’auras l’air bien malin.

Si t’as un peu de chance tu crèvera avant 60 ans. Comme un con. Pour rien. Mais c’est mieux. Les vieux ça coûte cher.

Franchement qui en veux de leur vie de merde ? Celle qu’ils nous promettent comme la finalité de tout ? Travailler, travailler, travailler. Je préfère arrêter, faire ce que j’aime, sans rapport d’argent. Et quand je serai vieux, je ferais la même chose.

Les types qui finissent clodos, je commence à comprendre.
Les pères de famille qui à 30 ans se pendent, je commence à comprendre.
Tout est gâché.