Les Chroniques de Valentin

Embrassons-nous avant de nous connaître.

Embrassons-nous avant de nous connaître.
Et quittons-nous avant de disparaître.

J’ai encore quelque chose à te dire.
Avant que tu ne partes.
Que tu ne reprennes l’avion.

Les grandes tours de la ville s’effacent au contact de la nuit.
Le vrombissement des cargos s’éloigne dès que tu leur tends la main.
Dis-moi que ce n’est pas moi que tu fuis.
Raconte-moi comment le soleil se lève, là-bas chez toi.
Explique-moi encore que les siphons s’évanouissent à l’envers.
Et la manière dont les étendues déroulent leur infini.

Sous mes pas, le sable du bord de mer ressemble à de la poussière de larmes.
Salé, amer, qui donne son goût à la mélancolie.

Un jour tu voudra changer de direction.
Tu te rendra compte que tu n’as fait que tourner sur toi-même.

Tous ces kilomètres qui défilent, et pourtant, rien n’avance.

Mais je ne t’en veux pas.
Et quand le crépuscule m’enveloppe, je ronronne comme un chat repu de caresses en sachant que je ne te reverrais pas.

Tu as beau parcourir le monde… L’olivier qui est ici, qui enserre la terre de ces racines sous ma maison, qui ne bougera jamais et ne sera agîté que par la brise, en apprendra bien plus que toi sur le monde et tout le reste.

S’agiter ne sert à rien si on ne sait pas s’arrêter et regarder le monde passer tout autour de nous comme l’eau du torrent.